lundi 27 octobre 2008

Y compris sur les quais

Paris, Gare de l'Est, peu avant 18h00.
Un jeune homme fume sur le quai en attendant le départ du train. Et se fait verbaliser par le contrôleur SNCF qui passait par là : 68 euros. Ah, non, le jeune homme n'a pas sur lui de quoi régler de suite, ça fera donc 106 euros. Le tout dans un calme olympien.

A bord du TGV 5285 arrêté en gare de Haute-Picardie, vers 22h00.
Deux jeunes filles sont aux prises avec la police ferroviaire après que le contrôleur l'ait appelée : elles ont fumé sur le quai à Massy, puis ont remis ça à Marne-la-Vallée et à Charles-de-Gaulle, malgré les avertissements dudit contrôleur. Face à ces Messieurs de la maréchaussée des trains, l'une pleurniche et l'autre gueule. A Lille-Europe, c'est la police tout court qui les attend.

Quel zèle ! ("Il est interdit de fumer dans l'enceinte de la gare, y compris sur les quais.")
Face à cette curieuse coïncidence dominico-tabacco-ferroviaire, j'avoue rester perplexe : la loi, certes; mais cet acharnement ?

dimanche 26 octobre 2008

Désirs

Quand on fait pipi au Zimmer on peut lire ceci; et moi j'aime bien :

"Allez tranquillement parmi le vacarme et la hâte et souvenez-vous de la paix qui peut exister dans le silence. Sans aliénation, vivez autant que possible en bon termes avec toutes personnes. Dites doucement et clairement votre vérité et écoutez les autres, même le simple d'esprit et l'ignorant, ils ont eux aussi leur histoire.

Évitez les individus bruyants et agressifs, ils sont une vexation de l'esprit. Ne vous comparez avec personne : vous risqueriez de devenir vain ou vaniteux. Il y a toujours plus grand et plus petit que vous. Jouissez de vos projets aussi bien que de vos accomplissements. Soyez toujours intéressé à votre carrière, si modeste soit-elle, c'est une véritable possession dans les prospérités changeantes du temps.

Soyez prudents dans vos affaires, car le monde est plein de fourberies. Mais ne soyez pas aveugle en ce qui concerne la vertu qui existe; plusieurs individus recherchent les grands idéaux; et partout la vie est remplie d'héroïsme. Soyez-vous même. Surtout n'affectez pas l'amitié. Non plus ne soyez cynique en amour, car il est en face de toute stérilité et de tout désenchantement aussi éternel que l'herbe. Prenez avec bonté le conseil des années en renonçant avec grâce à votre jeunesse.

Fortifiez une puissance d'esprit pour vous protéger en cas de malheur soudain. Mais ne vous chagrinez pas avec vos chimères. De nombreuses peurs naissent de la fatigue et de la solitude. Au-delà d'une discipline saine, soyez doux avec vous-même. Vous êtes un enfant de l'univers, pas moins que les arbres et les étoiles vous avez le droit d'être ici. Et qu'il vous soit clair ou non, l'univers se déroule sans doute comme il le devrait.

Soyez en paix avec Dieu, quelle que soit votre conception de lui, et quels que soient vos travaux et vos rêves, gardez dans le désarroi bruyant de la vie, la paix dans votre âme.

Avec toutes ses perfidies, ses besognes fastidieuses et ses rêves brisés, le monde est pourtant beau. Prenez attention. Tâchez d'être heureux."

Anonymement écrit au XVIIème siècle.

vendredi 24 octobre 2008

J'ai peur

Je crois que ç'a commencé il y a dix jours lorsque j'ai appris le suicide d'un ex-collègue de Los Angeles. Pas l'un de mes amis les plus proches mais quelqu'un que j'avais côtoyé pendant six mois et que j'appréciais. Choc un peu rude, un peu suranné, pour lequel il est difficile de savoir si la vraie onde d'angoisse est due à la perte de cette personne en particulier, ou à la nouvelle en elle-même - en toute sincérité.
Tout ça pour dire que je ne suis pas forcément en dépression depuis que j'ai appris ce décès (même si très touché); mais que j'ai surtout du mal à dormir pour tous les aspects égocentrés de réflexion que j'ai dès lors été amené à développer.
Renconsidérer la mort, déjà. Prendre conscience que j'ai peur de perdre les personnes que j'aime. Constat assez simple, mais rapidement terrifiant. Se rendre compte, une bonne fois pour toutes, de l'absolutisme et de la brièveté d'une vie. Le digérer.
Et élargir sa réflexion à son propre monde, de manière globale. Se remettre en question, à partir des éléments de base de son quotidien.
Avoir peur, donc. Par exemple, et c'est le départ naturel de cet effroi, à propos de ce chemin tracé qui cesse incessament sous peu d'exister. La maternelle, le primaire, le collège, le lycée, les études supérieures, balisées pour cinq ans, et puis l'inconnu. Certes je suis en cours jusqu'au 19 décembre, en stage de début février à fin août. Mais que ferai-je en septembre prochain ? Aurai-je réussi ce concours d'école de cinéma parisienne ? L'aurai-je raté ? Travaillerai-je, déjà, aux Etats-Unis, en France ? Me contenterai-je de ce job "étudiant", dont les rétributions me serviront exclusivement au financement de ce tour du monde prévu depuis belle lurette, et de plus en plus sérieux ? Ou rien de tout cela ? Ou ci ? Ou ça ? L'inconnue fait le frisson, oui.
Incertitude classique sur l'avenir, à ceci près qu'elle ne s'est jamais faite sentir si pressante, si opressante, si réelle. Une vraie peur dans mon ventre, qui vous noue l'estomac, qui vous empêche de dormir. Serai-je amoureux et heureux avec une personne, pour un certain temps ? Avec ce travail qui me plaira ? Duquel je vivrai confortablement ?
Grand classicisme de la peur donc.
Sans compter ces jours-ci les retournements de situation administratifs, entre colocataires, entre amis, entre simples connaissances. Un tout nouveau jeu en main, avec lequel configurer sa victoire autant que faire se peut. Moins évident qu'à l'habitude, vous l'aurez compris.
A force de ressasser ce qui me trouble depuis plusieurs jours, j'ai l'impression de ne plus savoir de quoi je parle.
Un mal-être pas si terrible, une passade comme il y en a déjà eu, et comme il y en aura encore. L'impression de couler sous de trop nombreuses tâches désagréables. Une fin - mais quel recommencement ? Peur du futur proche, sentimental, professionnel.
Ressentir à nouveau cette peur primale de l'enfant qui ne sait pas l'avenir.
Et prendre ce chouilla de recul nécessaire, malgré tout, pour repérer ces balises inammovibles, rassurantes, aléatoires; autant de formes d'affection et d'amitié reconnaissables entre mille, indispensables.
Respirer. Comme d'habitude...
Seulement cette fois, l'air sera différent. Grandir, et dompter sa peur - jusqu'à la prochaine.

dimanche 12 octobre 2008

Le poil de la bête

Les cours ont repris sur les chapeaux de roues. Rien de bien folichon ceci dit - exactement ce à quoi on s'attendait, les éventuelles bonnes surprises ne sont que trop peu au rendez-vous : la visite de fond en comble du fascinant Théâtre du Nord, et cette intervention passionnante d'une directrice de scène nationale. A part ça, on est plutôt loin de l'extase.
En revanche, ce que nous appliquons à la lettre, ce sont les recommandations prodiguées par notre directeur : "sortez !" Ah ça pour se culturer, on se culture : une douzaine de cinés en trois semaines, deux concerts, un opéra, des DVD, moult lectures variées (pas forcément "prolongées"), l'enregistrement d'une émission de radio...

C'était un direct pour France Musique, jeudi dernier, à propos des magnifiques Noces de Figaro créées à l'Opéra de Lille en cette rentrée lyrique. Mozart est véritablement un génie, et aidé de chanteurs passsionnés, d'un orchestre complice sous la fougueuse direction d'Emmanuelle Haïm, et d'une mise en scène efficace de Jean-François Sivadier, le spectacle est total, drôle et superbe.
Quelques jours plus tôt, l'orchestre national de Lille faisait lui aussi sa rentrée, et Jean-Claude Casadesus nous gratifiait d'un bel Amour sorcier de Falla, et d'une Heure espagnole agitée de Ravel.
Autre concert autre genre, la Fnac m'invitait vendredi dernier à un dj set privé du talentueux Wax Tailor, qui envoûta les foules avant de laisser la place au swing électro de Caravan Palace.
La culture dans tous ses superlatifs !

Du côté des toiles, Be Happy, Gomorra et Wackness m'ont laissé plutôt indifférent, malgré leurs indéniables qualités propres; La belle personne a enchanté le côté honoresque-de-Clèves de ma belle personne à moi; et Mamma mia! son aspect abbaesque-Meryl-is-the-best ! (Vivement le spectacle sur Broadway...) Cliente me déçoit profondément, Coup de foudre à Rhode Island remplit son cahier des charges, Vicky Cristina Barcelona me séduit, Appaloosa m'envoute (exception faite de Zellweger à qui il devient urgent d'interdire l'accès aux plateaux.) Blindness me secoue, les Mesrine me déçoivent carrément et The Duchess rate son coup. Coluche est honnête, Demaison impressionnant.
(A ce propos, je méprise profondément Lederman et son procès fumeux pour l'utilisation de la phrase "l'histoire d'un mec". De toute façon, comme le commente un internaute sur Allociné, Coluche était un mec, et c'est son histoire. CQFD. La plus saine des victoires serait que le film sorte comme prévu et sans encombre mercredi. Verdict mardi à 14 heures.)
Mon samedi après-midi devant les bandes-annonces d'une trentaine de prochaines sorties excitantes d'ici Noël n'arrange pas vraiment mon incommensurable amour pour le septième art.

Le petit écran n'est pas en reste : je poursuis mon visionnage flamboyant de Six Feet Under, découvre la très réussie Clara Sheller et me refais une culture, via de vieux Allen et Almodovar que j'avais ratés, sans parler de Truffaut ou de Louis Malle. Que du bonheur !
Je boude Fleischer (pour l'instant), me concentre sur les pages de Garcia, Del Amo, Gaudé ou Adam. Je relis, je revis !

Je bois. Moins qu'à Paris. Aléatoirement toujours trop. Mais les soirées associées sont toutes de telles réussites que je ne culpabilise pas tellement. Tout à l'heure, le grand ciel bleu aidant, je me suis même remis à courir, histoire de me donner bonne conscience : la bière ne m'aura pas.
Une visite impromptue de l'ami américain et un estaminet relancent une pression soudaine pour que je m'active et m'occupe convenablement de mon visa et de mon appartement pour fin janvier - New York se mérite.
La période est étrange. Bornée. Le temps est compté. Nous oscillons entre pressante envie de profiter de chaque seconde lilloise, et les inévitables flottement habituels. Je parle pour moi, qui ne sais plus trop où j'habite. D'ailleurs, préavis annoncé oblige, les visites de notre bel appartement s'enchaînent. Non sans surprises : je me fais draguer par texto par une jeune visiteuse... Globalement et en toute objectivité, ma libido a beau être proche de la tête à Toto, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas tant plu. Ce dimanche ensoleillé, ce fut "juste une mise au point" (et même deux.)
Pas comme la semaine dernière, où la pluie continuelle m'a collé à ma couette jusqu'à une heure scandaleuse de la journée. Une autre forme de bonheur, réhaussé par le lait chaud au miel.
Les vidéos de Républicains haineux qui traînent sur lemonde.fr m'angoissent, et mes activités extra-scolaires se précisent, notamment dans l'organisation bien avancée de quelques projections à thèmes, qui m'érigent en héros lorsque je me mue en distributeur d'invitations... Il n'y a pas de petits plaisirs.

Tout cela est très décousu, et tout cela ressemble à mes dernières semaines, ce qui ne m'a pas aidé à avoir les idées claires. Et puis le poil de la bête est revenu, un dimanche ensoleillé, entre deux heures de ménage et un bain juste à point.