Les cours ont repris sur les chapeaux de roues. Rien de bien folichon ceci dit - exactement ce à quoi on s'attendait, les éventuelles bonnes surprises ne sont que trop peu au rendez-vous : la visite de fond en comble du fascinant Théâtre du Nord, et cette intervention passionnante d'une directrice de scène nationale. A part ça, on est plutôt loin de l'extase.
En revanche, ce que nous appliquons à la lettre, ce sont les recommandations prodiguées par notre directeur : "sortez !" Ah ça pour se culturer, on se culture : une douzaine de cinés en trois semaines, deux concerts, un opéra, des DVD, moult lectures variées (pas forcément "prolongées"), l'enregistrement d'une émission de radio...
C'était un direct pour France Musique, jeudi dernier, à propos des magnifiques Noces de Figaro créées à l'Opéra de Lille en cette rentrée lyrique. Mozart est véritablement un génie, et aidé de chanteurs passsionnés, d'un orchestre complice sous la fougueuse direction d'Emmanuelle Haïm, et d'une mise en scène efficace de Jean-François Sivadier, le spectacle est total, drôle et superbe.
Quelques jours plus tôt, l'orchestre national de Lille faisait lui aussi sa rentrée, et Jean-Claude Casadesus nous gratifiait d'un bel Amour sorcier de Falla, et d'une Heure espagnole agitée de Ravel.
Autre concert autre genre, la Fnac m'invitait vendredi dernier à un dj set privé du talentueux Wax Tailor, qui envoûta les foules avant de laisser la place au swing électro de Caravan Palace.
La culture dans tous ses superlatifs !
Du côté des toiles, Be Happy, Gomorra et Wackness m'ont laissé plutôt indifférent, malgré leurs indéniables qualités propres; La belle personne a enchanté le côté honoresque-de-Clèves de ma belle personne à moi; et Mamma mia! son aspect abbaesque-Meryl-is-the-best ! (Vivement le spectacle sur Broadway...) Cliente me déçoit profondément, Coup de foudre à Rhode Island remplit son cahier des charges, Vicky Cristina Barcelona me séduit, Appaloosa m'envoute (exception faite de Zellweger à qui il devient urgent d'interdire l'accès aux plateaux.) Blindness me secoue, les Mesrine me déçoivent carrément et The Duchess rate son coup. Coluche est honnête, Demaison impressionnant.
(A ce propos, je méprise profondément Lederman et son procès fumeux pour l'utilisation de la phrase "l'histoire d'un mec". De toute façon, comme le commente un internaute sur Allociné, Coluche était un mec, et c'est son histoire. CQFD. La plus saine des victoires serait que le film sorte comme prévu et sans encombre mercredi. Verdict mardi à 14 heures.)
Mon samedi après-midi devant les bandes-annonces d'une trentaine de prochaines sorties excitantes d'ici Noël n'arrange pas vraiment mon incommensurable amour pour le septième art.
Le petit écran n'est pas en reste : je poursuis mon visionnage flamboyant de Six Feet Under, découvre la très réussie Clara Sheller et me refais une culture, via de vieux Allen et Almodovar que j'avais ratés, sans parler de Truffaut ou de Louis Malle. Que du bonheur !
Je boude Fleischer (pour l'instant), me concentre sur les pages de Garcia, Del Amo, Gaudé ou Adam. Je relis, je revis !
Je bois. Moins qu'à Paris. Aléatoirement toujours trop. Mais les soirées associées sont toutes de telles réussites que je ne culpabilise pas tellement. Tout à l'heure, le grand ciel bleu aidant, je me suis même remis à courir, histoire de me donner bonne conscience : la bière ne m'aura pas.
Une visite impromptue de l'ami américain et un estaminet relancent une pression soudaine pour que je m'active et m'occupe convenablement de mon visa et de mon appartement pour fin janvier - New York se mérite.
La période est étrange. Bornée. Le temps est compté. Nous oscillons entre pressante envie de profiter de chaque seconde lilloise, et les inévitables flottement habituels. Je parle pour moi, qui ne sais plus trop où j'habite. D'ailleurs, préavis annoncé oblige, les visites de notre bel appartement s'enchaînent. Non sans surprises : je me fais draguer par texto par une jeune visiteuse... Globalement et en toute objectivité, ma libido a beau être proche de la tête à Toto, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas tant plu. Ce dimanche ensoleillé, ce fut "juste une mise au point" (et même deux.)
Pas comme la semaine dernière, où la pluie continuelle m'a collé à ma couette jusqu'à une heure scandaleuse de la journée. Une autre forme de bonheur, réhaussé par le lait chaud au miel.
Les vidéos de Républicains haineux qui traînent sur lemonde.fr m'angoissent, et mes activités extra-scolaires se précisent, notamment dans l'organisation bien avancée de quelques projections à thèmes, qui m'érigent en héros lorsque je me mue en distributeur d'invitations... Il n'y a pas de petits plaisirs.
Tout cela est très décousu, et tout cela ressemble à mes dernières semaines, ce qui ne m'a pas aidé à avoir les idées claires. Et puis le poil de la bête est revenu, un dimanche ensoleillé, entre deux heures de ménage et un bain juste à point.