J'ai peur
Je crois que ç'a commencé il y a dix jours lorsque j'ai appris le suicide d'un ex-collègue de Los Angeles. Pas l'un de mes amis les plus proches mais quelqu'un que j'avais côtoyé pendant six mois et que j'appréciais. Choc un peu rude, un peu suranné, pour lequel il est difficile de savoir si la vraie onde d'angoisse est due à la perte de cette personne en particulier, ou à la nouvelle en elle-même - en toute sincérité.
Tout ça pour dire que je ne suis pas forcément en dépression depuis que j'ai appris ce décès (même si très touché); mais que j'ai surtout du mal à dormir pour tous les aspects égocentrés de réflexion que j'ai dès lors été amené à développer.
Renconsidérer la mort, déjà. Prendre conscience que j'ai peur de perdre les personnes que j'aime. Constat assez simple, mais rapidement terrifiant. Se rendre compte, une bonne fois pour toutes, de l'absolutisme et de la brièveté d'une vie. Le digérer.
Et élargir sa réflexion à son propre monde, de manière globale. Se remettre en question, à partir des éléments de base de son quotidien.
Avoir peur, donc. Par exemple, et c'est le départ naturel de cet effroi, à propos de ce chemin tracé qui cesse incessament sous peu d'exister. La maternelle, le primaire, le collège, le lycée, les études supérieures, balisées pour cinq ans, et puis l'inconnu. Certes je suis en cours jusqu'au 19 décembre, en stage de début février à fin août. Mais que ferai-je en septembre prochain ? Aurai-je réussi ce concours d'école de cinéma parisienne ? L'aurai-je raté ? Travaillerai-je, déjà, aux Etats-Unis, en France ? Me contenterai-je de ce job "étudiant", dont les rétributions me serviront exclusivement au financement de ce tour du monde prévu depuis belle lurette, et de plus en plus sérieux ? Ou rien de tout cela ? Ou ci ? Ou ça ? L'inconnue fait le frisson, oui.
Incertitude classique sur l'avenir, à ceci près qu'elle ne s'est jamais faite sentir si pressante, si opressante, si réelle. Une vraie peur dans mon ventre, qui vous noue l'estomac, qui vous empêche de dormir. Serai-je amoureux et heureux avec une personne, pour un certain temps ? Avec ce travail qui me plaira ? Duquel je vivrai confortablement ?
Grand classicisme de la peur donc.
Sans compter ces jours-ci les retournements de situation administratifs, entre colocataires, entre amis, entre simples connaissances. Un tout nouveau jeu en main, avec lequel configurer sa victoire autant que faire se peut. Moins évident qu'à l'habitude, vous l'aurez compris.
A force de ressasser ce qui me trouble depuis plusieurs jours, j'ai l'impression de ne plus savoir de quoi je parle.
Un mal-être pas si terrible, une passade comme il y en a déjà eu, et comme il y en aura encore. L'impression de couler sous de trop nombreuses tâches désagréables. Une fin - mais quel recommencement ? Peur du futur proche, sentimental, professionnel.
Ressentir à nouveau cette peur primale de l'enfant qui ne sait pas l'avenir.
Et prendre ce chouilla de recul nécessaire, malgré tout, pour repérer ces balises inammovibles, rassurantes, aléatoires; autant de formes d'affection et d'amitié reconnaissables entre mille, indispensables.
Respirer. Comme d'habitude...
Seulement cette fois, l'air sera différent. Grandir, et dompter sa peur - jusqu'à la prochaine.
12 commentaires:
La période de transition que tu t'apprêtes à vivre est propice à ce genre de questionnements... Tu vas changer, te confronter réellement aux aléas de la vie sans l'appuis de tes parents, prendre des décisions qui impacteront durablement ton quotidien. Ca peut être angoissant, mais aussi excitant !
Et puis, il y a toujours les amis ;-)
Je comprends tous ces questionnements Arthur mais je pense que cela ne va pas te ronger longtemps. Tu sais aussi que tu es (très bien) entouré, par tes amis, ta famille,...et passé cette prise de conscience de la brièveté de la vie, du passage à la vie active,...la vie va reprendre son cours. Je ne me fais pas de souci pour toi 'Tur. Evidemment, je ne suis pas dans ton ventre et ta tête pour défaire les noeuds, mais je te fais confiance, ça va couler, comme les passages du primaire au collège puis au lycée et enfin aux études supérieures.
Love&See U
'Lu
I tryed to read everything, but as I didn't understood everything and you sounded quite hopeless, I'm gonna right just one thing:
DON'T LOSE YOUR FAITH IN GOD!
He is the One. He will always be there for you. Go to the the Church. Speak with Jesus. You will find the light, brother! God is here for you, Amen!
c.h.i.c.o is def right!
it reminds me of a scene at the farmers market this morning. the butcher told me "i'm going to vote for john mccain but i'll be happy whoever he's elected because after all, want it or not, it is god's will."
you see arthur, being very religious resolves many problems, you should condider it seriously!
(tu veux passer la femis? louis lumière? savais pas.. en voilà un projet)
Je suis assez d'accord avec Matorif: il y a carrément moyen de tourner tout ça de façon positive.
Ca fait un peu chier de passer à l'âge adulte "pour de vrai" et d'affronter enfin un certain nombre de responsabilités, mais du coup, tu gagnes aussi des satisfactions d'adultes. Un certain accomplisement.
Faire des choix, ça fout les chocottes, mais une fois les décisions prises, c'est le meilleur moyen d'être fier de toi.
Quelque part, c'est clairement un discours qui sert avant tout à se rassurer (je suis un peu en train de passer par là moi aussi), mais en toute objectivité, il y a une part de vrai dans tout ça.
En tout cas, il ne faudrait pas que cette peur te rende complètement pessimiste. Ce sont 2 choses complètement différentes.
(Je suis sûr que Jesus ou John McCain approuveraient...)
@ Matorif > Je le sais bien; vous êtes mes "balises inamovibles et rassurantes" :)
Et puis j'ai condensé en un post tous mes doutes latents du moment - in real life je saisis tout de même le côté excitant !
@ Lucie > Tu as raison toi aussi ma belle, je n'aurais pas dit mieux pour m'auto-booster ! Love you too!
@ Chico > Thanks for trying to understand everything, you're going to be a French master :p
As for God, I'm not THAT desperate yet...
@ Baptiste > Si la Fémis veut bien de moi, je prends...
Entre Dieu et John mon cœur balance encore.
@ Gyom > Bien dit aussi (décidément mes petites balises vous êtes trop fortes !!) - je suis encore loin d'avoir perdu mon optimisme naturel, no worries... Bon courage pour tes derniers jours, je pense à toi et t'embrasse.
Je vous embrasse tous d'ailleurs.
Et pis t'as des grands frères qui sont déjà adultes et qui seront toujours là pour toi :)
@ T-ReX > Tu es mon grand frère caché ? :)
Genre un grand frère de 32 ans qui habite pres de beaubourg et avec qui tu bois des coups de temps en temps :)
@ T-ReX > Of cooouuurse!!! Mais qu'est-ce que c'est que ce pseudo ??!
c'est pas moi c'est google/blogger :)
et en fait ça vient du fait que j'imite très bien les T-Rex, je te montrerai à l'occasion :)
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