La vie parisienne
Me voilà à Londres. Il fait beau et chaud, de moins en moins jour après jour mais on se raccroche à ce qu'on peut.
Me voilà à Londres. Il fait beau et chaud, de moins en moins jour après jour mais on se raccroche à ce qu'on peut.
Publié par Arthur à 20:53 1 commentaires
Ceci n'est pas un coming-out.
"Un militant de l’égalité et du respect est mort. Jean Le Bitoux, qui fut, avec Michel Foucault, l’un des inspirateurs du journal Gai Pied, vient de quitter ce monde qu’il aura tellement travaillé à changer. Témoin des années radicales, qui ont vu de courageux pionniers défier une société figée, il aura, en particulier par son travail de mémoire, accompagné un mouvement profond de la conscience de notre pays.
Quand une cause perd l’un de ses plus ardents défenseurs, c’est le moment de faire un point d’étape, de mesurer les avancées, le terrain conquis, peut-être le terrain perdu, l’histoire qui est faite et celle qui reste à faire.
Et la vérité, c’est que beaucoup reste à faire. Songeons à ces pays, si nombreux, où l’homosexualité est toujours considérée comme un crime, puni de mort, à ces jeunes pendus en Iran, ou décapités en Arabie saoudite, coupables d’être ce qu’ils sont. Rappelons-nous aussi qu’en Russie, en 2010, tout rassemblement homosexuel est encore interdit.
Mais sans aller si loin, voyons où en est la France : on peut se demander si nous ne sommes pas entrés dans une triste période de régression silencieuse. Il y a quelques semaines, de jeunes homosexuels ont été frappés, en pleine rue, au cœur du quartier du Marais, à Paris. Voici quelques jours, sur le parvis de Notre-Dame, des couples ont été violemment pris à partie parce qu’ils avaient osé s’embrasser. Plus récemment encore, dans notre ville, les locaux d’une association de lutte contre l’homophobie ont été vandalisés. Dans l’Essonne, c’est un couple de jeunes femmes qui est obligé de déménager pour échapper aux insultes et aux outrages de ses voisins. Et la presse de ce matin rapporte cet acte d’une incroyable barbarie commis il y a un an dans la Nièvre : deux homosexuels ligotés, bâillonnés et enterrés vivants au bord de la Loire… Cette liste est longue, propre à lasser l’attention d’un lecteur pressé. Elle pourrait être plus longue. Mais elle aurait pu aussi être tellement plus courte….
Tout se passe comme si une nouvelle chape de plomb descendait, lentement, inexorablement, avec la morgue des intolérances sûres d’elles-mêmes et de leur histoire. Parfois, ce sont les religions qui y contribuent, en sacralisant des normes ou en alimentant des amalgames : il y a quelques jours, le porte parole du Vatican établissait ainsi, du haut de l’autorité morale qu’il exerce sur plus d’un milliard d’êtres humains, un lien entre homosexualité et pédophilie. Cette somme de méconnaissance, d’ignorance, de ressentiments et de préjugés, pèse lourd, et en profondeur, sur nos sociétés fatiguées. Des esprits trop faibles ou trop dociles peuvent être perméables aux discours de la haine : Jean-Marie Périer, dans un livre bouleversant publié cette année, évoquait la détresse de ces adolescents chassés de chez eux par leurs parents, pour la seule raison qu’ils sont homosexuels.
Au nom de ces enfants humiliés, travaillons à construire une société où ils aient leur place. Les homosexuels ont été confrontés à toutes les souffrances du rejet, de la peur, de la honte, du secret. Ils ont traversé – et traversent encore- des épreuves inouïes, notamment celle du sida, qui les a touchés violemment, au moment précis où ils avaient cru avoir enfin, et à quel prix, conquis le droit à une certaine insouciance. Ils ont droit, aujourd’hui, à la liberté d’être.
C’est Jean-Louis Bory, cet éclaireur des luttes pour l’égalité, qui déclarait en 1979: « Tout ce que je demande, c’est que vous me laissiez vivre. Parce que je représente une part extrêmement vivante de la vie… »
Une société est faite de différences. Et son degré de civilisation se mesure à sa capacité de regarder ces différences avec indifférence. Nous en sommes encore loin."
Il y a quelques jours, je prenais un verre avec un de mes nouveaux collègues. La discussion est vite arrivée sur un terrain personnel. Je savais que sa copine attend leur premier enfant. Il m'a simplement demandé si j'avais de mon côté "a partner". J'ai répondu par la négative. Il a très naturellement enchaîné : "Would it be a girlfriend or a boyfriend?" Ma réponse a été encore plus naturelle.
Oui, être homo c'est tomber amoureux et se ramasser la gueule tout pareil que les hétéros. D'ailleurs, assez de catégorisation. On tombe amoureux, on se ramasse la gueule (ou pas), filles, garçons, qu'importe. Sérieusement.
Être homo c'est différent d'être hétéro, aussi. Personne ne le nie. Mais ça n'est pas grave, c'est comme ça. On s'en fout. Vous comprenez ? Je vous en prie, faites un effort.
Malheureusement nous en sommes encore à un stade où la visibilité de cette "communauté" qu'on s'efforce de fondre dans la masse est importante. Où cette visibilité est nécessaire, primordiale, pour que cessent la haine la plus forte, le rejet le plus violent, la stupidité la plus banale.
Je dois le dire. Vous devez l'entendre : je suis homosexuel.
Publié par Arthur à 22:26 8 commentaires