mercredi 23 mai 2007

Je t'aime, Paris !

Ce n'était pas vraiment folichon folichon ces dernières semaines sur le grand écran hexagonal !
Comme souvent en cette période de l'année, nos amis les distributeurs semblaient attendre Cannes pour sortir leurs "bons" films.
Du coup, ça faisait même un peu too much pour ce 23 mai qui relevait, il faut quand même le dire, le niveau du mois passé.
La tentation était grande, et je n'ai d'ailleurs pas cherché une seconde à lui résister : j'ai pêché, hop, direct.
En gros, j'ai fait du pâté buissonnier, j'ai séché mon stage et je me suis engouffré dans le Triomphe d'en face.
QUATRE objections face à vos cris et votre indignation :
1°/ On n'a pas idée de travailler à moins de cinquante mètres de huit cinémas (ou plutôt on n'a pas idée d'installer huit cinémas à moins de cinquante mètres de mon lieu de travail);
2°/ Aller au cinéma quand on bosse dans le cinéma, c'est considéré comme du temps de travail;
3°/ Il faut bien se faire une idée de ce qui sort chez la concurrence;
4°/ J'étais désoeuvré cet après-midi, sans rien à faire (ils ont emmené tout le boulot à Cannes avec eux)...

Bref j'ai mis de côté le "film-maison" sur Jean-Dominique Baudis, le retour des pirates ou encore la belle Deneuve endeuillée (mais ces trois-là ne perdent rien pour attendre), et j'ai entamé cette semaine-cinéma avec le nouveau film de Christophe Honoré, Les chansons d'amour.

Entre parenthèses, j'aime beaucoup aller seul m'enfermer dans une salle obscure (autrement dit, aller seul au cinéma, esprits mal placés), j'en ressens en général des émotions plus fortes et intenses, que ce soit le rire, les frissons ou les larmes, je rentre mieux au coeur du film.



Ces chansons d'amour, elles m'ont charmé. C'est le mot.
C'est léger, c'est profond, c'est touchant, c'est grave, c'est drôle et c'est triste, c'est mélancolique, c'est parisien, c'est très joliment musical - c'est un bonbon acide et doux.
La simplicité des sentiments, la douleur de l'absence, la spontanéité et la fraîcheur de leur expression... Mais aussi un ressenti simple, direct et hors des sentiers battus. Tous ces éléments captent la beauté de "l'amour et ses petites contrariétés" de manière assez inédite - le film en est d'autant plus agréable.
On sent que ç'a été fait dans l'urgence (tournage en début d'année, on reconnaît dans les rues de Paris des affiches de films sortis à cette époque), mais la mise en scène reste très maîtrisée. Les acteurs sont justes, et je ne parle pas que des moments chantés... Coup de coeur perso pour Louis Garrel et Clotilde Hesme, drôle et agaçant pour le premier, fragile et émouvante pour la seconde.
Les rengaines d'Alex Beaupain vous trottent encore longuement dans la tête à la sortie de la salle, après avoir accompagné l'histoire de fort belle manière.



Et puis il y a Paris, que je n'avais pas vue filmée si réalistement depuis des lustres dans un film !
Passé le côté bo-bo très poussé du film (qui en énervera plus d'un, mais c'est du Honoré après tout, c'est assumé), on se laisse voluptueusement porter par les mélodies et les doutes passionnels de ces charmants personnages, pour finalement se laisser convaincre par ce "film-plaisir douloureux" que l'amour, sous toutes ses formes, à trois, hétéro, amical, homo, familial... c'est difficile... mais que l'amour, c'est beau. Et inattendu, n'obéissant qu'à lui-même, la cohérence nous échappant quelques fois et confirmant l'impression qu'il vaut mieux ne pas se poser de questions.
Alors certes, pas besoin d'aller au cinéma pour entendre cette rengaine, mais si joliment chantées et filmées, ces chansons d'amour-là méritent qu'on s'y attarde !

...en voici d'ailleurs la très belle bande-annonce :



En sortant de la salle, les Champs-Elysées grouillaient des badauds habituels, l'Obélisque à ma gauche pointait vers le ciel lourd, et l'Arc de triomphe à droite était plus imposant que jamais.
Je me suis senti grave et léger, mélancolique et parisien.

8 commentaires:

Cam a dit…

aaah .. les chansons d'amour.. celles qu'on écoute pour se sentir mieux et qui nous font parfois nous sentir pire.. celles qui nous énervent parfois parce qu'on à l'impression qu'elles nous ont volé un ptit bout de vie .. celles qu'on a envie de chanter.. celles qui tombent au hasard dans notre lecteur windows media en lecture aléatoire et qui nous plongent soudain dans des souvenirs pas si vieux que ça.. celles qu'on aimerait avoir écrites.. les vraies de vraies quoi !!!

j'aimerais t'écrire une chanson d'amour un de ces jours ! :) (bilingue c'est encore mieux ^^...)

je t'embrasse mon Tur !

Anonyme a dit…

Comment as-tu pu faire passer Catherine après Ludivine, Louis et Clothilde... Je ne te reconnais plus là mon cher ami...

Tibs

Arthur a dit…

@ Tibs > Disons que faire durer cette attente avant de retrouver Cat', c'est prolonger le plaisir ;o)
Et puis j'ai vu Chiara à la place - telle file, telle mère non ?..

Arthur a dit…

Erratum > Il fallait lire "telle fille" bien sûr !

@ Cam > Alors là bella ne te gêne surtout pas... Je l'attends de coeur ferme, cette chanson d'amour au Nutella ;o)

Anonyme a dit…

depuis que tu es rentré, j'attendais le moment où tu allais te précipiter dans un cinéma :-p

Arthur a dit…

@ Mathilde > En fait ma première précipitation dans un cinéma depuis mon retour date de six jours après celui-ci, mais non seulement il s'agissait d'un film peu recommandable (l'araignée numéro 3, par rapport aux deux premières), et je n'avais en plus point de blog pour m'étendre sur le sujet ^^

Biboo bat des ailes a dit…

Mon cher A., sitôt sortie à mon tour de ma chère salle obscure de la rue Hautefeuille, moi aussi après une longue période de sommeil, je me devais de faire ma première visite sur "Littlest Things", déjà en bonne place parmi mes favoris. Et puisque que les giboulées de mai nous apportent tout plein de jolis films qui nous font frétiller d'exitation, il n'y avait pas de quoi se priver. Mon 1er choix s'est aussi porté sur 'Les chansons d'amour',normal pour une demyenne chevronnée, accro de 'Chantons sous la pluie' ou autre 'My fair lady', comme des plus récents films d'Olivier et Martineau ou en bref à tout ce qui ressemble à une comédie musicale. Le ciné et la musique étant presque tout pour moi (je n'oublie pas mes compagnons aux mille feuilles), les voir unis pour le meilleur est un bonheur décuplé. Je te remercie au passage d'avoir cité comme argument pour avoir repoussé "Après lui" le fait que tu ne puisses SOUS AUCUN PRETEXTE voir un film de Cat sans au moins un membre homologué BAM, si toutefois il y en a un sur le continent, ce qui est présentement le cas (non, mais!)Bref, tout ça pour saluer ta critique du film de Christophe Honoré, dont le "Ma mère" (déjà avec p'tit Louis) m'avait plus que rebuté... et dont j'ai raté le "Dans Paris". Bref, je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi sur pas mal de points, mais sur le fond j'adhère et vous recommande ce film chaudement. Enfin un type qui sait tenir une caméra, diriger ses acteurs, nous épargner les dégoulinades d'images désespéremment glamour et les scénario cousus de fil blanc. Voilà un bel hommage à la nouvel vague: peu de moyens mais du coeur, une vraie spontanéité, des acteurs comme ça (levez votre pouce, repliez les 4 autres doigts vers la paume: vous y êtes)et une poésie qui se cache entre la Bastille et Strasbourg St Denis (je vois pas les bobos là Arthur). Heureuse de retrouver une Chiara trop rare, un Loulou qui ne joue pas les intellectuels de gauche tordus et vaguement pervers) et de découvrir une Clotilde Hesme à suivre - soeur de MJ Croze qu'on nous aurait caché??? Bref, si j'ai le courage, je tâcherai de faire cette fois une vraie critique "à froid". Pardon d'avoir été longue, mais un nouveau blog mérite un commentaire à la longueur, à défaut d'être à la hauteur.Ah Ah, et une mauvaise blague pour la fin. J'arrête là,
Love. MaLo

lambassadrice a dit…

C'est le lendemain de sa 'montée des marches' que j'ai vu 'Love Songs'.
1h d'attente devant la salle du 60ème (oh, this is sooo Cannes!) en plein cagnard.
(Je n'avais pas vu 'Dans Paris' (pas sorti aux USA) et c'est du coup le premier film d'Honoré que je regardais.

Au début, je me suis dit que vraiment c'était trop.
Trop 'parisien' justement, trop 'chanté', trop 'Louis Garrel' (que je trouve magnifique-en passant-).
Ludivine Sagnier n'est pas juste. C'est dommage parce qu'elle est une bonne actrice mais pas dans ce rôle.

Leur 'menage à trois' est tout sauf crédible. C'est malheureux car je voulais vraiment y croire...
Chiara est en revanche surprenante. Jeune fille éteinte. Pas au premier plan. Elle assume trés bien. En même temps ça ne semble pas être une composition qui lui soit étrangère.

Et puis, je me suis laissée prendre. Louis Garrel perce l'écran et il est d'une authenticité surprenante (un cousin qui se serait éclipsé de mon salon pour entrer dans le film!)
et même si leurs chansons sont assez peu originales musicalement, on se laisse emballer. Clairement.

Ces petites références nouvelle vague comme leurs lectures perpétuelles et leur façon de parler d'amour m'ont juste conquises.
Je suis sortie heureuse. Pourtant j'ai voulu lutter (mais pourquoi?). Et au final j'avoue que j'ai passé plus qu'un bon moment. J'ai bcp aimé ce film.
Parisienne ou bobo notre ambassadrice ? Non, non...