Bienvenue chez... nous
C'était il y a quatre ans, la première fois qu'on a répondu "s'il vous plaît" à mon "merci" - passées les premières déstabilisations, on s'y est fait.
On a également constaté très rapidement que les conditions climatiques étaient identiques à celles qu'on rencontre à Paris, et on s'est sempiternellement battu depuis pour le rappeler à la masse, tous ces gens qui systématiquement ponctuaient leur analyse de notre situation d'exilés dans le Nord d'un "mais il fait moche quand même..!"
Il a aussi toujours fallu se justifier d'étudier à Lille en étant originaire de région parisienne - tous ces jugements portés par des gens qui ne connaissaient pas la région ont fini par nous lasser, et nous les avons ignorés, sinon méprisés.
On était loin d'une petite comédie ("du pâté") qui allait réunir un tiers des Français devant leur écran.
Oui, il faut être fier que le cinéma hexagonal se porte bien, et ne pas pestiférer contre un film qui est loin d'être le chef-d'œuvre du siècle mais qui, si on y réfléchit, est logiquement l'un des seuls capable d'attirer autant de spectateurs - n'en déplaise aux partisans inconditionnels du cinéma d'art et d'essai, il paraît naturel qu'aucune Palme d'or n'atteigne ce niveau de popularité, et il serait temps d'accepter ce côtoiement pacifique et enrichissant de deux cinémas, l'un plus populaire, l'autre plus exigeant, tous deux capables du pire comme du meilleur.
Refermons cette parenthèse cinématographique : de notre côté, cela fait donc quatre ans qu'on est "fiers d'être ch'tis", d'adoption du moins; parce que la région et ses habitants sont beaux, tout simplement, et qu'on vient d'y passer certaines des plus belles années de notre vie.
Sans que la soirée soit exceptionnelle, il était amusant de se retrouver hier soir au milieu de 60 000 personnes dans les rues de Lille pour fêter Dany Boon et son équipe, le féliciter de son succès et le remercier de sa contribution involontaire à l'amélioration de l'image d'une région qui avait jusque là beaucoup souffert...
"Bravo et merchi", c'était le nom de cette soirée organisée par La Voix du Nord (dont proviennent les photos de ce post).
Quelque part c'est aussi ce que nous autres petits étudiants qui avons apprivoisé le Nord (et que le Nord a apprivoisés) avons envie de dire, alors que nous allons le quitter...
C'est très clair : nous ne repartirons pas sans braire !