mardi 17 février 2009

One day at a time

Samedi, le premier ici, je wifise de bon matin dans un charmant café ensoleillé. Une femme visiblement très nerveuse s'approche et me demande si elle peut utiliser mon ordinateur et sa connexion Internet. Elle est Européenne me dit-elle, et son mec, avec lequel elle devait s'installer à New York, a repris l'avion paniqué la veille sans autre forme de procès qu'un mot laissé sur la table de la cuisine. Christine est Norvégienne, son mec en question Français, nous discutons dans la langue de Molière, elle se détend un peu.


From my roof, East

Vendredi qui suit, second craquage cinématographique (à 12,50$ la place mes ardeurs sont tristement bien vite calmées.) Au moment de glisser ma carte bancaire dans la borne pour régler les vingt-cinq dollars dus pour deux places, une femme s'approche et me propose... deux places pour la même séance, le même film, qu'elle a soi-disant achetées par erreur. Elle nous les offre. Ces charmantes conditions n'empêchent pas The Reader d'être raté. Quelques jours plus tard, je paierai effectivement ma place (enfin, on la paiera pour moi), et Milk se révélera un film de qualité(s).

From my roof, South

Dimanche, le soleil brille, nous marchons, je marche, nous n'arrêtons pas, c'est tellement agréable. Le Nouvel An chinois nous tombe dessus, l'expo Alexander Calder au Whitney me séduit, je prends le bus. J'aime prendre le bus à New York, les longues avenues défilent sous la lumière dorée de fin d'après-midi, on rêvasse en essayant d'apercevoir le haut des gratte-ciels. On brunche le samedi, on brunche le dimanche, les jours fériés aussi. On croise des ouvriers maladroits qui défoncent les portes vitrées à coups de poutres métalliques, et deux hommes tatoués style racailles de gang obèses se rouler goulûment des pelles. Je traverse le Brooklyn Bridge, mes pas me mènent à la découverte de Fort Greene Park, où je fais une pause. Le soleil brille toujours.

From my roof, West

Lundi, je marche d'un pas alerte sur la vingt-neuvième rue entre les septième et sixième avenues, je bouscule légèrement un homme, m'excuse, poursuis mon chemin. Il me rattrape en courant, m'attrape par le bras, a l'air très en colère, et potentiellement violent (délit de sale gueule de la racaille de gang sus mentionnée.) Il tenait ses lunettes à la main, elles sont tombées lorsque je suis passé, un verre est fêlé. Il vitupère, je ne peux pas en placer une, de toute façon je ne sais pas quoi dire. Je n'en mène pas large, je me pisse dessus, de sombres idées filent à cent à l'heure dans ma petite caboche intimidée. Je m'en tire en lui proposant d'aller retirer de l'argent, je lui file quarante dollars, m'excuse encore platement et m'éclipse promptement.

Home Sweet Home (dernier étage, deuxième fenêtre en partant de la gauche)

Mardi, j'apprends que Deezer respecte désormais les clauses de légalité (ou assimilé) des artistes qu'il propose à l'écoute, mais des clauses propres à chaque pays. Aux Etats-Unis, il n'y a plus guère que la chanson française et les hymnes traditionnels ouzbèques qu'on puisse encore écouter - ce qui m'agace. C'est cette même journée que choisit l'écouteur droit de mon iPod pour rendre l'âme. Ce qui m'énerve profondément.


Mercredi, j'accepte une date (dheïtt) avec M., rencontré et emballé dans un bar belge cinq jours auparavant. Je gardais en mémoire une scène vaudevillesque de la rencontre précédente, type "allons dans le lit deux places de ma coloc qui n'est pas là; oh mince voilà ma coloc qui arrive, mais que fais-tu caché ridiculement sous la couette petit Frenchie ?", scène sise en plus à Columbia, c'est à dire au cul du loup. Bref, ce dîner allait devoir bien se passer. Raté. J'étais fatigué, il m'a ennuyé avec ses grandes phrases sur la vie et l'amour et son rentre-dedansisme américain donc tout sauf fin. M. avait choisi un onéreux restaurant - je lui fais comprendre que je ne vais pas faire de folies, il me réplique l'oeil complice qu'il ne faut pas que je me soucie des questions d'argent ce soir... Mais pourquoi est-ce que j'ai compris que M. allait m'inviter ? Au final, il commande pour nous deux, se lâche, et divise la note. 56$ dans les dents, au revoir M.
(Note : trois soirées, trois mecs qui me sautent dessus en dix jours et qui me confirment avec délice que mon sex-appeal est en bien meilleur état de ce côté-ci de l'Atlantique.)


Jeudi matin, le concierge du building où sont nos bureaux me salue d'un "Good morning Arthur, how are you?", qui varie parfois avec un "Good morning Mr. L., how are you?" - j'aime beaucoup les deux. Je lui demande à mon tour comment il va. "One day at a time, one day at a time Arthur."


Vendredi 13, fire drill, nous écoutons un Monsieur nous expliquer ce qu'il faut faire en cas d'incendie lorsqu'on se trouve comme nous au dix-huitième étage. Je retiens simplement qu'il vaudrait mieux prier pour qu'il n'y ait pas d'incendie. Après ce choquant constat, mon boss décide à 17h30 que nous avons assez travaillé et que nous allons tous aller voir Friday the 13th au ciné d'à côté. La séance est complète, nous allons boire et manger à la place. Jusqu'à 2h30 du matin. Je crois que les soirées alcoolisées entre collègues, boss inclus, dans des bars gays, c'est un bon signe. De quoi je ne sais pas, mais un bon signe. Surtout en remettant ça deux jours plus tard.
L'occasion au passage de se rendre compte que le soixante-deuxième cru du Festival de Cannes ne pourra être que bon, avec sans grand doute possible les retours d'Almodovar, Audiard, Honoré, Loach, Scorsese et Tarantino sur la Croisette.


Samedi, j'investis une plus petite pièce de mon appartement pour y installer ma chambre - plus petite, mais dotée d'une fenêtre. Désormais, je sens l'air et vois la lumière de New York.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

glad to see that at least NY is not boring... "Mr L."
(quelle prestance !)

Pdt ce temps là on se languit de toi à Paris mais devenons progressivement des Titis respectables qui ne rentrent qu'un soir par semaine chez eux avant minuit...

Enormes bises, grand calin et feeling doux de dimanche aprem à l'accordéon et à la bière, tu sais quand on est insubmersible...

BIZ BIZ BIZ

pp

Anonyme a dit…

Je me régale de lire tes (trop rares) posts new-yorkais....!!

Anonyme a dit…

To be continued!
Xx

Anonyme a dit…

comme si ton sex-appeal ne s'exprimait pas ici...pfff prétentieux...

Alex a dit…

qu'est-il arrivé à la Norvégienne? la pauvre!!!

en tous cas ces photos me mettent plus que jamais l'eau à la bouche, j'espère que j'aurais le même soleil dans 5 semaines...

et moi aussi je vérifierais bien si mon sex appeal cartonne outre-atlantique...

je t'embrasse et continue à poster, ça égaye mes longues journées de taf!

Unknown a dit…

@ Pp > Qu'un soir par semaine avant minuit ?? Il a fallu que tu attendes que je me casse pour mettre ca en pratique ? Je reve... Et insubmersible avec ca :)

@ OneYear > Merci beaucoup ma chere, je suis pour ma part content que tu aies repris le blog !

@ Ele > Definitely! XoXo

@ Anonyme > Il s'exprime bien differemment alors ! Mais pretentieux quand meme, je te l'accorde.

@ Alex > Je garde le soleil dans le coin, don't worry.

Anonyme a dit…

Je suis sure que les hymnes traditionnels ouzbèques valent le détour !

matorif a dit…

Effectivement, c'est bon signe ces pots entre collègues dans un bar gay :p

Je sens qu'un prochain billet va évoquer le délicat sujet de la "couch promotion". C'est bien, ça me laissera le temps de venir te rejoindre !