lundi 7 avril 2008

Rallumer la flamme

Piteux parcours parisien que celui de la flamme olympique cet après-midi... Trimballée dans des cars, éteinte durant vingt minutes pour raisons officielles douteuses et surtout victime de protestations dérangeantes, dont la manifestation la plus visible a sans doute été les quatre affiches déployées par Reporters sans frontières, successivement sur la Tour Eiffel, Avenue Marceau, sur les Champs-Elysées et à l'Hôtel de Ville.



Rien d'étonnant à tout ça, et je suis personnellement assez heureux du ridicule dans lequel ce cérémonial à deux balles se trouve plongé. L'idéal de Coubertin est certes plus que louable à mon sens, mais sachons évoluer : dépenser autant d'argent et d'énergie (policière entre autres) pour le voyage d'une allumette, c'est dépassé.

"Quoi ? Il ne parle pas du Tibet ?!"
Bien sûr que si. Je suis ravi qu'on se rende compte que les Tibétains sont réprimés et bafoués de leurs droits, je suis juste surpris de voir la masse populaire se réveiller six mois à peine avant la grand-messe sportive : ça fait sept ans qu'on sait que la Chine organise les J.O. en 2008, et au moins autant d'années que le pays est tout sauf démocratique, malgré son boom économique, et que la répression au Tibet dure.
Voilà, ça fait sept ans au moins qu'on aurait pu s'occuper du problème - à présent il est trop tard, les chances sont trop fines que le gouvernement chinois change de tactique (l'ambassadeur disait encore ce matin sur France Info qu'il n'y avait "pas de répression au Tibet"), et un boycott ne servirait à rien. A titre de comparaison, les boycotts de Moscou en 1980 et Los Angeles quatre ans plus tard en réponse n'ont eu aucune répercussion politique.
En revanche, utiliser les Jeux comme caisse de résonance à des revendications primordiales semble être une idée plus pertinente au jour d'aujourd'hui. Gardons à l'esprit 1968 et les poings gantés de noir levés de Tommie Smith et John Carlos pour protester contre le racisme. L'impact semble en avoir été fort.
Mais cela requiert à mon sens davantage qu'un simple badge vert "pour un monde meilleur"... On peut mieux faire pour cet été.

Mais encore une fois pourquoi se réveiller si tard ?
C'est un peu comme "l'affaire de la banderole" tout ça : bien sûr que cette banderole est honteuse, bien sûr qu'il faut punir les abrutis finis qui en sont les auteurs. Mais en ce qui concerne le retentissement médiatique du fait divers, on peut légitimement s'interroger sur le rôle de la présence de Sarkozy au Stade de France ce soir-là, ainsi que du PSG et le fait que ce soit une finale. Sans parler du film de Dany Boon (qui au passage vient de dépasser La grande vadrouille en nombre d'entrées !)
Parce que ce genre de pratique est monnaie courante dans le foot : pourquoi se réveiller en 2008, une fois de temps en temps ?! Il faut interdire de stade TOUS ces déchets de la société à vie. Et pas seulement trois d'entre eux ponctuellement pendant trois ans.

Vous pourrissez le sport les gars.
Essayez plutôt d'éteindre "l'allumette", pour rallumer la flamme...

4 commentaires:

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Anonyme a dit…

J'adore ce genre d'article parce qu'il est sujet obligatoirementà polémique.
1. "pourquoi se réveiller en 2008, une fois de temps en temps ?!" Parce que c'est le PSG et une finale. Ca aurait été Lyon en Championnat...
2. Chacun son avis pour le boycott. Moi je suis contre. Oui ca n'avait pas marché à LA et Moscou mais ca avait marché lors des jeux en Afrique du Sud (contre l'Apartheid) if I'm right.
3. Le Tibet : le sujet qui me répulse le plus en ce moment (après Chantal S. peut etre). Si les politiciens francais (cf Mélenchon) commencaient déjà par connaitre les réclamations des uns et des autres, on pourrait un peu avancer sur le sujet. Le Tibet ne veut pas l'indépendance mais l'exception culturelle. Nuance que ne comprennent pas ces cons de politiciens sans parler de RSF.
Your Anonymous

Anonyme a dit…

Il faudrait aussi parler de la manière dont la Chine traite (désormais) les milliers de Nord-Coréens qui n'ont d'autre ressource que de fuir leur pays et vivent dans la clandestinité en Mandchourie, ou qui se font pincer quand ils tentent de gagner une ambassade étrangère (ou un consultat) à Pékin : elle les renvoie dans leur, ce qui signifie, pour les chanceux, un long séjour en camp de rééducation avec toute leur famille et, pour les moins chanceux, la mort. Malheureusement, et malgré le travail accompli dans des conditions assez périlleuses par diverses associations en Mandchourie, on s'en tape.