vendredi 20 mars 2009

La fille du RER, Villa Amalia... and co.


Dans La fille du RER, André Téchiné s'attache à un fait divers français d'il y a quelques années, mais aussi du propre aveu du co-scénariste Jean-Marie Besset, auteur de la pièce dont s'inspire le film, au fait divers quasi-identique qui avait eu lieu aux USA en 1995. Deux histoires très semblables de femmes s'inventant une agression, et des raisons d'être agressées - pour leurs propres raisons à elles. Ici, celles-ci sont fantasmées, évidemment. Et c'est tant mieux.
Ce qui donne un film éblouissant sur notre France sarkozyste, avide de sensationnalisme et de victimisation excessive. Bref, un portrait pas très flatteur, mais terriblement juste, et brillamment mis en scène. Une ouverture hypnotisante, un chat sur Internet magistralement filmé (il fallait le faire), des transitions en rollers et un coup de couteau qui coupe le souffle - le sang qui traîne, le visage féminin qui se superpose... Et tous les moments purement techinesques, par souffles, ou par scènes qui prennent le temps de dire ce qu'elles ont à dire, ou de montrer ce qu'elles ont à montrer, sans artifice outrancier.

La fille du RER est aussi un portrait de jeune fille/femme, une ingénue qui se reveille, et se révèle, pas sous ses meilleurs aspects pour autant. Une héroïne quand même, superbement campée par une Emilie Dequenne transformée, tour a tour fascinante ou agaçante. Ce qui nous touche ici, c'est le fait divers politique qui n'exprime au final que des malaises personnels. Le mélange des thèmes et des scènes est subtil, voire impressionnant vu la densité narrative et dramatique du film.
Il faudra oublier une fin traînante pour se rappeler ce grand film qui parle aussi bien de culpabilité, de préjugés, de religion, de violence, de lutte des classes d'une certaine façon... que d'éducation, de politique et de notre société à nous, celle qui nous abrite, qui est aussi celle que l'on fabrique. Catherine Deneuve, Michel Blanc, Mathieu Demy, Ronit Elkabetz et Nicolas Duvauchelle sont tous complexes et vrais. La fille du RER est un film captivant.



Dans Villa Amalia, Benoît Jacquot filme Isabelle Huppert au plus nu d'elle-même, dans sa vieillesse naturelle. Et Isabelle Huppert est époustouflante dans le rôle de cette femme qui prend la décision qui a tous pu nous effleurer, celle de tout plaquer - et qui l'assume jusqu'au bout, sans concessions. L'histoire est dramatique, c'est sa tendresse qui frappe. Beaucoup de solitude, et la vérité, toujours, aussi troublante ou amusante puisse-t-elle être. Le film est à la fois angoissant et rassurant, beau très certainement. On n'a jamais autant aimé voir un acteur de dos. Tout cela semble nous dire que rien n'est très grave, et que l'amitié sous ses formes les plus improbable et soudaine, quelques notes de piano et le souffle de la mer apporteront le réconfort attendu, et suffisant.
Villa Amalia sort le 8 avril en France.



Pendant ces Rendez-vous with French Cinema, j'ai aussi apprécié la générosité d'Aide-toi le ciel t'aidera, les savoureux face-à-face de Bellamy, la misère de Versailles, la beauté apaisante de Séraphine, le réalisme dévastateur de L'apprenti, la nuit urbaine et le coup de marteau de L'autre, la chaleur enveloppante de la relation père-fille du très beau 35 Rhums. J'ai également revu Les plages d'Agnès et Le plaisir de chanter, parce qu'ils le valent bien.

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