Il y a eu les sagas de l'été, pour moi ce sera celle de la rentrée.
Une série qui va vous intéresser au plus haut point, puisque je m'en vais vous entretenir de mes conquêtes américaines. Je vous l'ai tellement rabâché, vous n'êtes plus sans savoir que je viens de passer un an à Los Angeles. Là-bas aussi la séduction était de mise, obviously, peut-être même exacerbée par le côté "exotique" des choses... Mes diverses expériences en la matière ont donc été pour le moins... intéressantes !
C'est parti, cette semaine, on commence par Nico.
Nous sommes le jeudi 7 septembre 2006, à la sortie du boulot. Je suis au volant de ma Jeep, lunettes de soleil vissées sur le nez. Lorsque j'arrive chez moi, à Santa Monica, face à l'océan, le temps est inhabituellement mauvais. Comprenez "mauvais" pour la Californie. Pour la première fois depuis deux mois que je suis ici, de lourds nuagents s'amoncellent au-dessus des vagues, portés par un vent menaçant. Je ne saurais vous dire ce qui me pousse à y aller ce soir-là en particulier, moi qui ne suis pas un adepte régulier de la chose, mais le fait est que je décide de faire un footing au bord de l'eau. Pour décompresser après une journée de dur labeur, c'est parfait. Faisant fi de la météo, j'enfile un short, au moins aussi sexy que celui-ci, un vieux tee-shirt, et je sors pieds nus dans la rue, ne me munissant que de mes clefs. J'habite littéralement sur la plage...
Je me mets à trottiner au bord de l'eau, là où le sable humide est ferme.
Et je le vois. De dos. Il a une jolie silhouette dorsale. C'est ça qui me frappe en premier...
Il marche. Je le dépasse et tourne ostensiblement la tête pour apercevoir un visage que j'espère aussi séduisant que l'arrière de son crâne. Et il l'est ! Nos regards se croisent. Brutalement, je me rends compte que j'ai envie de l'aborder, que j'ai besoin de l'aborder, de lui parler. Que si je ne le fais pas, je le regretterais amèrement. Mais le temps de prendre ma décision, c'est à dire le temps de courir encore dix bonnes minutes, et de me retourner, il a disparu.
Déçu, je reviens doucement sur mes pas, avant de réaliser qu'il a aussi rebroussé chemin. Je le rattrappe dans l'autre sens et, arrivé à sa hauteur, me lance, sans réfléchir.
"Hi!"
Il s'arrête, sans doute surpris de se faire aborder de la sorte, me rend mon salut, avec un petit sourire, et attend que j'enchaîne.
Très inspiré par l'état du ciel, je joue au Franchouillard depuis peu en Californie, et très étonné par la météo de ce jeudi soir. Ce qui n'est pas mentir... Après cette entrée en matière bidon, tous les deux visiblement à l'aise, nous marchons côte à côte sur le sable en commençant à nous raconter littéralement nos vies. Il s'appelle Nico...
Lorsque la nuit tombe et que se fait sentir le moment de se séparer, je tente le tout pour le tout, en lui demandant s'il veut mon numéro de téléphone, prétexant le fait qu'il est une des rares personnes que je rencontre qui n'habite pas loin de chez moi - comprenez que je puisse voir sans prendre la voiture. Ce qui n'est pas mentir (bis)... Il répond par la positive, c'est déjà ça, mais la balle est dans son camp, puisque n'ayant pas mon portable sur moi je ne peux noter son numéro. "It's your call!", pensé-je... S'il ne m'appelle pas, c'est foutu.
Remarquez, à ce stade, j'ignore tout des penchants sexuels de ce garçon. Ce n'est pas dramatique, mais il est clair que pour moi, cet abordage inattendu a d'autres visées que purement amicales. Je croise les doigts, pour plein de choses à la fois.
J'arrive chez moi, il fait nuit. Je m'apprête à prendre ma douche lorsque le téléphone, posé en évidence sur le micro-ondes, vibre. Souffle au coeur, débordements de joie prématurée... C'est lui ! Il me demande ce que je fais ce soir. Je ne fais rien. Ai-je envie de passer la soirée en sa compagnie, pour dîner devant un film par exemple ? Complètement ! Cinéma, ou DVD chez lui ? Je n'hésite pas longtemps...
En guise de douche, j'entreprends du coup une véritable toilette pré-nuptiale. J'y crois à mort...
Il habite deux blocs au-dessus de chez moi - quel bonheur de pouvoir enfin se déplacer à pieds, dans cette ville. J'arrive pimpant et plein d'entrain. La bouteille de vin est vite sifflée, les discussions s'enflamment, il me rassure sur mon niveau anglais et je le rassure sur son degré de culture. Rapidement, la discussion dévie sur les amours et autres plaisirs charnels. Je me dévoile un peu, laisse entrevoir l'éventualité qu'il se puisse qu'il y ait une possibilité que je sois éventuellement attiré par les garçons.
Lui, cash : "You're gay?"
"Euh... Yes... (plein d'espoir) ...are you?!"
"Oh, not at all, I'm totally straight!"
Couperet, bloc de glace, blanc, constipation...
"I'm kidding!!" éclate-t-il de rire, plus pédé que jamais !
Ah ah, bon, il est kidding, ha ha ha, ouf, tout va bien, muhahaha...
Qu'est-ce que je suis con.
Le trajet au vidéo store est rapidement avorté sous mon insistance pour "converser plus et mieux se connaître" plutôt que de mater un DVD...
De retour chez lui, tout se joue lorsque nous terminons de blablater assis sur le lit, nos genoux et autres petites mains se frolant négligemment.
Premier baiser, nous faisons l'amour. Mon premier Américain !
Nico est piercé au pénis. Soit.
Au réveil, je me sens terriblement bien.
Sans doute chamboulé par la magie de la rencontre, l'inhabituelle ardeur que j'ai employée pour l'aborder, l'exotisme de la situation et cette jolie nuit que nous venons de passer ensemble, je m'emballe. J'ai envie de le revoir, vite.
Ahem, c'est sans compter son petit ami norvégien, qui le rejoint à L.A. quatre mois plus tard. On peut se mettre en couple jusque là si je veux.
Cette discussion, c'est le lendemain, d'abord au téléphone, puis autour d'un verre. Non, je ne veux pas ! Boulet...
Sauf que mon emballement a ses effets pervers, et que malgré cette boulitude qui me le fait voir sous un jour nouveau, très négatif, je suis déjà semi-accro, à quoi je ne sais pas, mais ça n'a pas raté, ce crétin me fait mal, avec ses histoires longue-distance à la con ! Tout aurait pu être si simple... Lorsqu'il accepte de me revoir quatre jours plus tard, au cinéma, il m'annonce avec un grand sourire qu'il a largué son Neutrogena. Et est ostensiblement en mode "drague". Bigre, il tente une reconquête ! Tristement, cette attitude sur moi est pourtant immédiate, achevant de me dégoûter.
Je n'ai plus envie de le voir, il ne m'attire plus, ne me plaît plus, ne me fait plus frissonner. Fini le mal-être dont il a été la cause pendant une petite semaine, finie la magie de la rencontre, Nico m'indiffère complètement.
Je le reverrai quelques semaines plus tard, chacun de nous cédant à la pulsion hormonale d'un vendredi soir, tard, jouissant d'une proximité géographique appréciable. Entretemps, Monsieur a insisté, mais j'ai décliné. Ce soir-là, tout est consommé, pour nous deux, dans les deux sens. Nous sommes sur la même longueur d'ondes, tout est dit.
"L'amour" est fade, incolore, inodore et sans saveur.
Avec Nico, il aura fallu être là au bon endroit, au bon moment, porté par un ciel menaçant, sur une plage de Santa Monica... Ephémère étincelle peut-être, mais tout sauf insignifiante.