vendredi 31 août 2007

Dujardin, du crétin, du Roumain



Ce qui donne, pour un jeudi à Paris :


- une deuxième vision de 99 francs de Jan Kounen, cette fois avec les effets spéciaux, ce qui est mieux, quand même, pour apprécier... Vraiment, ce « petit » film n’est pas mal, il fait son effet. L’occasion également de me rendre compte que Jean Dujardin n’est pas si mauvais acteur que ça; et surtout que je suis fan de ces stages qui donnent accès à des événements type « culture » en avant-première.
A tel point qu’en pleines tergiversations existentielles sur mon avenir professionnel, ma seule certitude à l’heure d’aujourd’hui est de vouloir pérenniser ces petites gâteries, ce côté coulisses, ces privilèges faussement mondains qu’on prétend ne pas aimer mais qu’on adore à bloc.
En gros, plus tard, je veux me la péter, l’air de rien. A suivre…




- une expérience triplement traumatisante : mon premier refoulement de boîte (aïe), à 19 heures pétantes after work oblige (ouille) et… aux Planches (au secours !!)
Tout ça à cause de mes Converse bordeaux toutes choupinettes.
Il en résulte trois choses primordiales : à bas la Conversophobie, à bas les Planches (et les boîtes « hétérotes » en général – oh non, je fais mon communautaire…), vivent les Happy Hours buissonnières (le litre de Martini bianco à 3€, le mojito fabuleux et l’exquis Sex on the Beach à 4,25€, c’est bien.) Last, but not least, à bas ces abrutis de videurs qui compensent le vide de leur existence par le pseudo pouvoir méprisant et méprisable qu’ils exercent temporairement sur le trottoir; ce qui fait quatre, en fait.


- un refroidissement cinématographique en la pellicule de 4 mois, 3 semaines et 2 jours, Palme d’or 2007. Je ne savais pas à quoi m’attendre, et bien… je crois qu’en attendant quelque chose ça n’aurait pas été très différent.
Roumanie, 1987, une jeume femme veut se faire avorter, c’est illégal, elle se fait aider d’une amie et emprunte des chemins dangereux. C’est peut-être un raccourci facile, mais l’impression qui reste, c’est que tout ça reste très palmedoresque. Et ça commence à m’énerver. En tout cas, je n’accroche pas. Non, ce n’est pas du tout un mauvais film, c’est même doublement instructif et intéressant, à la fois culturellement (la Roumanie) et historiquement (l’avortement, 1987) ; et cinématographiquement (la mise en scène clinique). Très froid, épuré, proche du documentaire, sans musique, avec de longs plans fixes impressionnants qui avoisinent les dix minutes et dont la fluidité force l’admiration. « Oui, mais… »
"Mais" c’est long, très long, et vraiment pénible, à tous les niveaux.
Coup de gueule donc : formellement, d’accord, c’est très bien fait; mais merde, où sont les émotions ?? Et voilà, jamais je n’aimerai un film qui ne transmet aucune émotion. A aucun moment le spectateur ne s’émeut de la situation, de la détresse des jeunes femmes. Au mieux est-il surpris et indigné de ce qui se passe sur l’écran, mais rien de plus. Quelle froideur...
Le vent se lève, La chambre du fils, Le pianiste, Dancer in the dark... m'ont fait chialer, et n'en étaient pas moins bons formellement !
Ceci dit, au vu de cette liste, je pose la question : est-il envisageable de donner un jour la Palme à un film un petit peu funky, entraînant, drôle, jubilatoire, plein de pep's et de bonne humeur...?
Non ? Bon.





- un deuxième filleul, récupéré en fin de journée !


J'en veux bien d'autres encore, ça me fait des petits cadeaux - venez vous faire parrainer par votre fan de ciné préféré...

mardi 28 août 2007

Du meurtre de mes statistiques par les agrégateurs

Soyez rassurés, je n’ai pas changé, je suis toujours aussi naze en trucs informatiques et astuces internétiques, à plus forte raison tout ce qui touche aux blogs.
Que ce titre barbare ne rebute donc pas les plus farouches lecteurs !

Juste un léger coup de gueule au passage, le coup de gueule du bouseux ignare et archaïque par excellence :)
(Tout ça, oui !)
Parce que depuis que tout un chacun agrège ses sites, les classe, les range, les trie, j'en passe et des meilleures, vous ne vous déplacez plus sur un blog que lorsqu’on vous informe gentiment qu’il y a de quoi s’y déplacer (du nouveau, en somme).
C’est tout à fait logique, hein, je comprends…
Mais permettez-moi de râler quant aux fluctuations inconfortables qui en résultent sur Analytics, non mais ! Analytics, ce fabuleux outil statistique qui vous dit qui est passé vous voir, tellement précis qu'il vous fournirait presque le nom de jeune fille de la maman dudit visiteur; ce fabuleux outil qui séduit même les plus irréductibles, dont moi...
Je résiste encore et toujours à l’agrégateur, comme à tout un tas d’autres choses d’ailleurs (plus pour très longtemps je pense), du coup tous les matins je me fais mes 25 blogs préférés à la main, oui oui, de façon toute artisanale, en prenant mon temps, et avec le délice de la surprise, la surprise de découvrir tel nouvel article, tel autre commentaire – ou encore les frissons du désarroi, lorsque lesdits blogs restent inchangés plusieurs jours de suite.
M’enfin ça pimente au moins mes débuts de journées - si si, il m’en faut peu.
Et ça vous assure d’une visite de ma part chaque jour, trop la classe…

Alors que chez moi, je passe de X visites les jours de non-nouvel article, à XXX (au moins) le lendemain quand j’ai posté, et que vos petits agrégateurs vous ont informé de la chose.
(Je ne voudrais pas attiser une jalousie mal placée en vous révélant mon nombre de visites quotidiennes.)

Du coup ma courbe ressemble à un grand huit et me donne le tournis, alors qu’elle pourrait plafonner stablement - ou être stable dans son plafonnement, en gros.

M’enfin je dis ça, je dis rien.
Et puis de toute façon, cette dictature de l’agrégateur pousse du coup à l’écriture, pour pérenniser ses jolies stats, c’est vrai, et cet article me vaudra donc au moins un haut de looping sur Analytics…
De quoi est-ce que je me plains ??

lundi 27 août 2007

Watch out, you naughty boys!


She’s back!

Accompagné d’Ikare, en parfait petit guide de ce lieu qu’il écume depuis quelques années déjà, j’ai fait hier soir mon dépucelage du Queen.
L’occasion pour moi de parfaire ma découverte du monde gay parisien, de changer du Tango et autre Club 18, et surtout, indépendamment de tout ça, d’expérimenter enfin l’Overkitsch du célèbre club des Champs-Elysées.
Depuis le temps que je devais y aller… Que je voulais y aller, pardon !
Disons que c’est un peu un passage obligé pour le pédé qui aime sortir – il était donc temps d’y entrer.
(Tête profondément dans le cul peut éventuellement répondre de jeux de mots vaseux)

Que dire, sinon que l’émerveillement et les palpitations du début ont laissé place à une légère déception par la suite (repointant tout de même le bout de leur nez à certains moments-clés de la nuit, ici tel mix entraînant, là tel mec bidon, tel go-go dancer go-go bodybuildé, tel transformiste transformé…)
Après une récente cure du Tango précédemment cité (que j’apprécie vraiment au passage), ça m’a fait un bien fou de replonger dans des « boum boum » plus lancinants, qui permettent un accès plus facile à une transe nightclubienne que Desireless ou Dalida. Mais trop de « boum boum » tue le « boum boum », et à partir d’un certain moment j’ai commencé à saturer. (Ou à fatiguer remarquez, le coucher à 5h de la veille n’ayant sans doute pas aidé à apprécier à leur juste valeur les trépidations des baffles…)

Bon, et puis question ambiance, chacun s’y croit quand même un peu beaucoup. J’étais prévenu, je n’ai pas été déçu. L’étude sociologique est amusante cinq minutes, mais au-delà, les Gucci-fashion-pousse-toi-de-là-t’es-trop-moche sont un petit peu soulants.
Toi aussi t’es moche, d’abord !
Et puis, carton rouge, on ne va pas en boîte en short – encore un qui a dû sucer pour rentrer. Quand on a cinquante ans et qu’on est naturellement repoussant, on évite également de se foutre en boxer sur le podium. …Etc.

Ne crachons pas trop dans la soupe non plus, j’ai passé une très bonne soirée au final, before compris, c’est tout ce qui compte !
Je dirais juste que le Queen est à consommer avec modération… (Pour moi en tout cas.)

Et ça même si "à 3h, on suce !"

samedi 25 août 2007

Caramel

Il fait bon prendre le soleil partout où on peut le trouver, en cette fin d'été qui n'en a jamais été un...
(Evidemment j'écris ça au moment où il se remet à faire un tant soit peu beau, et alors que je suis coincé chez moi à rapportdestageiser - c'est trop injuste !)

"Partout", c'est valable aussi pour le cinéma.
Et ces histoires de femmes sous le soleil libanais font chaud au coeur, vous enveloppant d'une douce torpeur que l'on quitte à regret.

A Beyrouth, cinq femmes que l'on suit dans leur quotidien donc, l'axe central du film étant ce salon de beauté où trois d'entre elles travaillent. Chacune a ses rêves, ses aspitations, ses remords et ses regrets. Toutes ont des envies d'amour, des besoins de tendresse, qu'elles fantasment ou vivent platoniquement, se privant souvent du bonheur pour des carcans sociaux. Bloquées par une société elle-même coincée dans ses traditions, mais prise dans l'engrenage de la modernité.
Femme divorcée obsédée par l'âge, femme sacrifiée pour s'occuper de sa soeur, future mariée qui n'est déjà plus vierge, maîtresse, ou femme qui aime les femmes, chacun des personnages a sa ligne de conduite, qui peut sembler caricaturale dans un premier temps, mais qui prend ensuite tout son sens dans ce tableau doux-amer du Liban féminin d'aujourd'hui.
Les actrices sont épatantes, confondantes de naturel, de mélancolie refoulée et autres émotions à fleur de peau.

Accompagnées d'une photographie et d'une musique magnifiques, elles portent triomphalement ce film simple, drôle, léger et terriblement touchant.
Un Caramel à déguster goulûment, vraiment.


Aux antipodes de cette critique extatique, permettez-moi de vous interdire rigoureusement d'aller voir L'âge d'homme... maintenant ou jamais, de Raphaël Fejtö, qui sort dans une quinzaine de jours.
J'ai découvert ce film jeudi soir, il est navrant. Rien à en sauver, à part la B.O., mais qu'il vaut mieux rester écouter chez soi.
Sous couvert d'un énième film générationnal, on nous sert une crise du trentenaire complètement indigeste. "J'ai 30 ans, je m'engage, ou pas ?" Question légitime, film bâclé et pathétique.
Histoire archiprévisible, caricaturale de bout en bout, scénario inconsistant, pas une seconde on ne croit ce qu'on voit à l'écran. Mal écrit, mal dialogué, mal joué, mal réalisé, n'est pas Klapisch qui veut, et ces Poupées russes bis ne méritent pas votre attention. Duris fait du Duris comme jamais, il en devient insupportable. Les situations sont grotesques; tout sonne faux dans ce ridicule gâchis arrogant, torché et ennuyeux.
Car oui, le pire, c'est que ce n'est pas drôle.

Je vous en prie, fuyez !!
Et allez voir Caramel, plutôt :)
(Non, je ne travaille ni pour Bac Films, ni pour UGC...)

lundi 20 août 2007

Je pète un câble

Clairement et copieusement.

"Rendons à ce blog sa fonction première : l'épanchement." (et l'auto-centrage, aussi.)
Si vous êtes allergique à la complainte et au narcissisme, fuyez.

Je veux bien que cette fin d'été soit une "période charnière", mais là, tout simplement, je n'en puis plus :)
Agacé, énervé, fatigué, colérique, las de tout, las de rien, insupporté, et insupportable.
Rien de mystique là-dedans, les raisons de ce pseudo chaos sont même facilement identifiables.

Pour commencer, je sature simplement au niveau du boulot. Je n'ai pas eu de vacances depuis Noël, et je n'en aurai pas avant Noël - au moins c'est clair. Du coup, les semaines peuvent être plus ou moins chargées, au final il y a un moment où de toute façon on craque. Ce stage, en plus, est décevant, et les quantités de travail bien aléatoires - et certainement déséquilibrées en tous les cas. En clair, je ne suis jamais content. Pas assez de travail quand j'en aimerais pour me changer les idées, trop une fois que j'ai pris goût, honteusement, à la glande bureaucratique ^^
Inhérrent à ce stage, le rapport, cet ersatz de mémoire que l'on doit pondre puis soutenir oralement à la rentrée, histoire de montrer qu'on a bien profité de nos expériences diverses.
Ah, ça, j'ai profité... Je ne suis juste pas convaincu de devoir le démontrer par un rapport. Pas que j'aie tellement le choix me direz-vous... De toute façon, le problème de base, dans ce cas, c'est que j'en suis encore au rapport de mon précédent stage. Aïe. Je ne parviens pas à m'y lancer vraiment, je bloque, je flemmardise, j'appréhende, j'ignore par quel bout le prendre.
Comme d'habitude, je m'occupe de ça à la dernière minute. Sauf que "d'habitude", je finis par gérer, un peu comme si au contraire ce sursaut de la dernière chance était le garant de ma réussite. Cette fois-ci, j'ai bien peur que ça ne soit pas le cas. Il va bien falloir, "gérer", mais je suis arrivé au seuil de pression où il faut que je rédige, pourtant je repousse encore, je contourne, je disserte sur mes angoisses plutôt que de cesser tout blabla pour m'y jeter, une bonne fois pour toutes, dans ce rapport. Je suis en haut de mon rocher, je vais devoir sauter, je repousse ce moment, indéfiniment.
Et je crois bien que dans ma petite vie d'étudiant, j'ai rarement atteint un tel seuil d'angoisse pour une si petite chose. Parce que oui, lourd et indigeste peut-être, mais tout con, normalement, un rapport. On dirait bien que ça ne change rien...

Voilà, le décor est planté, la trame brossée.
Car c'est à partir d'un stress concrêt comme celui-ci, palpable et terriblement terre-à-terre, que jaillissent les autres éléments qui vont contribuer à façonner votre ras-le bol généralisé, piques saillantes d'un moral qui n'en peut plus de faire du yoyo.
Sautes d'humeur que je ne me connaissais pas, au passage, moi qui ai toujours été constant, optimiste et entraînant, joyeux et léger.
C'est très fatiguant, d'être lunatique. C'est un boulot à plein temps dont je me passerais bien. Votre moral varie du simple au double en l'espace d'une heure, ou d'une minute. Sans qu'il y ait nécessairement une raison bien définie. Oui, c'est le pire : enrager, trépigner, regretter, pleurer, sans savoir pourquoi.

Ne faisant pas les choses à moitié, dans le même ordre d'idée, j'ai également découvert la psycho-somatie. Pas de jaloux, vous broyez du noir, votre corps n'est pas en reste.
Par exemple, je tousse depuis quatre mois, grosso merdo. Vous avez dit "prenant", le rhume ?
Et ces extinctions de voix répétées seraient aussi le fruit de mon mental, dixit le médecin. Ah ? Bon. J'ai découvert les joies du dégueulis au réveil et des insomnies dès trois heures du matin, montre en main. Certes, ces deux derniers éléments se sont quelque peu estompés, mais je peux vous assurer que ça fait flipper, quand on n'a jamais manifesté le stress physiquement, auparavant dans sa vie...

Le point d'orgue de ces réjouissances estivales, c'est cette attitude que j'adopte et qui, clairement, ne me ressemble pas : je suis passif, oui, complètement... Trève de rires gras : je me laisse entraîner, porter par le courant, je ne suis pas maître de ma vie, ces temps-ci. Je vous accorde que ça peut avoir du bon, de temps à autre, de relâcher la pression, de déserrer la prise et d'être un peu dépendant, mené, soumis. Mais dans ce cas, j'aurais davantage tendance à dire qu'il s'agit d'une lassitute toute négative, terne, molle, sans éclat - et bien trop longue.

Oh, je sais ce que vous allez dire, j'en fais trop. Peut-être, dans la mesure où je condense mon été en quelques lignes. J'anticipe déjà vos commentaires, je sais ce qu'on dit aux gens dans cette siuation, je sais ce que je me dis, ce qui se dit. Le coup de mou est passager, le changement d'air est salutaire, un peu de volonté et le rapport sera torché... etc., n'est-ce pas ? Vous avez raison, j'ai raison, ils ont raison... Mais ça ne change absolument rien :)
Nous le savons, vous et moi, ces états d'âme sont cycliques, les mauvais moments permettent d'apprécier les bons à leur juste valeur, de mieux rebondir ensuite, pour mûrir, encore...
Sauf que là, sincèrement, le cycle n'a que trop duré.

Et cette tendance sournoise qui invite à se complaire dans son "malheur" - vous n'y coupez pas !
Non, vous ne m'aiderez pas... Mais écrire, c'est une bulle d'air, un sursaut, un sursis, un coup de pied au cul en soi, déjà. Tant mieux pour vous, tant mieux pour moi !

Je terminerai pas l'état du ciel. Ce temps... Cette météo...
La météo, dans ces cas-là, on s'en gausse, d'habitude, les gens nous dégoûtent avec leurs vacances au soleil (de plus en plus rares cela dit), on se rassure en se disant qu'on aura une belle arrière-saison... Ce genre de banalités.
Ah, mais non, très chers, là, je proteste, c'est juste insupportable, point. Une catastrophe, à tous les niveaux ! Evidemment, que le moral pâtit des douze degrés et du crachin de novembre en plein mois d'août. Comment pourrait-il en être autrement ??

Enfin, soyons honnête : pour en arriver à ériger le temps qu'il fait en exutoire des malheurs du temps qui passe, c'est que je ne sais que trop bien ce qui me manque pour reprendre le contrôle, achever ce rapport, redémarrer dans la légèreté...
Il me manque la plénitude du printemps, les bras rassurants, le sourire enchanteur et le parfum salvateur.
Il me manque un joli garçon, dont les câlins enjoleurs me transporteraient à mille lieues des soucis du quotidien, ou les transformeraient en formalités insignifiantes, pour reprendre mon souffle.
Ouh, que c'est cliché, tout ça :D
Mais tellement vrai...
J'ai goûté à ma drogue, je suis en manque.

Sale temps, je vous dis !

dimanche 19 août 2007

Palp(it)ations normandes




"- Il s'agit d'une palpation. C'est prévu par le code de procédure."

Nous opinons du chef, et ne rions que parce que ces Messieurs de la police nous chatouillent.
Lorsque nous avons vu la voiture arriver tous feux éteints sur les planches, quelques minutes auparavant, nous avons très bien compris que nous allions nous faire contrôler, surtout quand ils ont allumé les phares pour nous les braquer dans la gueule.
Nous sommes bien trop sages pour que la police de Deauville ait quoi que ce soit à nous reprocher, mais il est vrai que la jeunesse est suspecte, d'entrée de jeu.
C'était notre dépucelage du contrôle policier à tous les trois, nous nous en souviendrons.

Et puis avouons-le, entre notre discussion sexuelle passionnée et le fait que nous venions d'uriner sur la plage, on s'est imperceptiblement senti coupable...




Samedi normand avec E. et C. donc, pour profiter de derniers instants privilégiés avec ce dernier, qui nous quitte bientôt. Démarré sous le ciel bleu parisien, poursuivi sous les nuages de la côte, avant que le soleil nous gratifie de son retour pendant que nous somnolions sur la plage. Trouville, Cabourg, Deauville. Nous avons avalé les kilomètres, discuté avec force de sujets plus ou moins sérieux, bu, mangé, ri, soupiré. Nous nous sommes souvenus, nous avons médité.
Il y a eu la mer, le sable, les gauffres; il y a eu le vent, les huîtres, le homard et le vin.
C'était divin, ni plus ni moins que d'habitude, juste comme d'habitude, car nous avons évité l'écueil des adieux trop lourds, trop plombés, indigestes. Nous avons préféré rester célestes :)
Poursuivre cette jolie conversation entamée depuis trois ans, et que nous ne sommes pas près d'interrompre, Madrid ou pas Madrid...



Rentrés sur les coups de quatre heures du matin, nous avons dormi, de tout notre saoul... (certains devant en plus récupérer d'un emménagement foireux à Lille suivi d'un dîner surarrosé et d'une nuit au Tango - dure, la vie.)

...pour terminer en larmes et en beauté, gorge serrée et nausée affleurante, devant Requiem for a Dream. Ce film est une tuerie, un summum du glauque, du triste, du bouleversement - 1h30 de cinéma pur et brut, qui vous arrache la gueule ! Avec ces termes, la critique est facile, je sais. Mais je ne suis pas ici pour blablater sans fin sur le film (que je ne peux que vous conseiller de voir.)
Je suis ici pour dire à E. et C. que j'ai passé un week-end terriblement palpitant en leur compagnie, et pour rassurer C. sur l'année de ouf qu'il va passer.
Il va nous manquer, mais ce n'est que pour son bien...
Hasta luego, guapo !


jeudi 16 août 2007

Pécho attitude

Tels des insectes aveuglés par la lumière, nous avons décidé avec C. et Matorif de rentabiliser notre veille de jour férié, et d'aller frétiller sur le dancefloor. Notre choix s'est porté, complètement par défaut au vu du faible nombre de soirées intéressantes en ce 14 août, sur le Club 18. Pas un club de la mort qui tue, mais qui tient la route au demeurant pour une petite soirée queer sans prétention. En fait, la nuit ayant davantage tourné à l'étalage de viande que ma précédente expérience en ce lieu, tout est soudainement devenu très intéressant, très typique, et digne d'être retranscrit ici-bas.

Boîte à pédés : nous dansons tous les trois dans un coin, entre clim' et fumi; Madonna, Farmer, Willem, Mika, Scissor Sisters... alternent avec Nelly Furtado, Sinclar, Guetta ou Martin Solveig.
Les hormones nous titillent tous, car si la météo n'a rien d'estival, nos corps tout tremblants ont bien conscience que c'est l'été et qu'il faut en profiter. Il faut se concentrer assez fort pour faire abstraction de ce vieux Monsieur qui semble très enclin à se trémousser en notre compagnie, mais à part ça tout va bien (je comprends de mieux en mieux ce que peut vivre une demoiselle dans une boîte dite "hétéro".) Honnêtement, rien de très potable à se mettre sous la dent. Soit. Nous nous dandinons de plus belle : plus haut, plus loin, plus fort !

C'est alors que je remarque ce grand jeune homme, physiquement pas trop niais autant que la pénombre peut me laisser juger, et qui nous tourne autour. Il a l'air dans son monde, se comporte étrangement. Il caresse en effet le dos de tout garçon qui entre dans son périmètre. Et notamment de ce mec qui a tombé la chemise, et qui n'apprécie pas du tout ces attouchements répétés, essayant d'emballer de son côté le futur homme de sa vie. Notre weirdo laisse en plus traîner ses mains en faisant absolument comme si de rien n'était du côté de la tête (mode "je te tripote, mais j'assume pas".) Il est lourd dans son genre, vraiment, et pas discret une demi-seconde. Il disparaît...
Entretemps, un jeune brun en marcel blanc s'est mis à nous faire la cour, à son tour. Comprenez qu'il se frotte négligemment contre nous à différents moments de sa choré élaborée. C. est chaud, C. attaque, C. emballe. Et vas-y que ça se colle, que ça se roule des pelles à n'en plus finir ! Je n'ai pas remarqué Mr. Weirdo qui a réinvesti le coin derrière moi, et entrepris, alors que j'observais les ébats de C., de se frotter négligemment à son tour contre tout mâle proche de lui, dont moi. Je suis chaud, les caresses sont plaisantes, on ne peut pas vraiment dire que j'attaque car Monsieur a déjà fait tout le travail, mais j'emballe.

Grave erreur.

Premièrement, Mr. Weirdo embrasse très mal, et sans sentir particulièrement mauvais ne sent pas non plus particulièrement bon. Cet abruti me gobe la bouche, râpe son irritant germe cutané contre le mien. Je profite de l'arrivée inopinée de Shakira comme d'une injonction à me défaire de son étreinte pour remuer mon corps conceptuellement sur les rythmes latinos. C'est sans compter la persévérance de Mr. Weirdo, qui n'en reste pas là, et réattaque. Et décide d'aller plus loin, tant qu'à faire : ses mains baladeuses me font comprendre qu'il est assez torsophile (néologisme de mon cru pour désigner un fan de torses.) Soit... Sauf que là, ça tourne carrément à du fétichisme mal placé, lorsque je me rends compte qu'il n'a en fait qu'une seule et unique idée en tête : m'embrasser et me lécher le nombril, sans reprendre son souffle si possible. Il se trouve donc incliné vers mon bas ventre, dans une position on ne peut plus équivoque, et légèrement inconfortable pour votre serviteur. D'autant plus que cette "conquête" n'a pas prononcé un seul mot depuis le début de la scène : moeurs étrangères ?? Chez moi, on parle avant de lécher. Et on lèche dans l'intimité : je ne suis pas encore assez exhib' pour m'offrir en pâture dans la moiteur d'une cave parisienne.
Trop, c'est trop, mon côté chatte en chaleur atteint ses limites, d'autant plus que le mec de C. s'est mis en tête de me caresser les fesses pendant qu'il danse tout collé à mon ami. Là encore, je dois avouer que la perspective d'un plan à quatre avec ces deux compères d'un soir me laisse plutôt frigide, allez savoir pourquoi.
"Trop, c'est trop" donc, mais il me faut néanmoins un temps fou pour parvenir à susurrer un convaincant "Désolé, je retourne voir mon pote !" à l'oreille de mon fétichiste nombriliste. Peur de le blesser ?? Quoi qu'il en soit, Matorif me sauve la vie en étant parti chasser de son côté à l'autre bout de la boîte. Je le rejoins tout à fait soulagé. Puis c'est au tour de C. de se débarasser de Monsieur Marcel (il faut croire que son "Viens, on va aux chiottes" n'a pas convaincu mon ami.)
Au final, une soirée tout à fait sympathique, ponctuée d'éclats de rire entre amis. Un délice !

Bienvenue dans un monde gay.

dimanche 12 août 2007

Comme un air de vacances








Rafraîchissantes. Régénérantes.
Ces vacances qui n'en étaient pas ont tenu toutes leurs promesses.
Le bon air de la montagne, le repos en famille, les nuits de douze heures, les randos qui niquent les cuisses ("mais on se sent tellement bien après"), les 4°C (juste le premier jour), la neige (juste le premier soir), les fondues, les râclettes, les tartiflettes, les brasérades, un coup de VTT pour éliminer le tout, le ciné, la gadoue, et hop un rayon de soleil...
La montagne, ça vous gagne !
Si si, la preuve en image...





jeudi 9 août 2007

Parti m'envoyer en l'air

C'est-à-dire à 1800 mètres d’altitude, quel jeu de mot.
J’ai pris les vacances que je n’ai pas, et je vais passer mon week-end à la montagne (oui, « vacances » c'est un grand mot, j’ai pris mon vendredi en gros.)
L’idée est de se ressourcer, se changer les idées, respirer, prendre l’air, se reposer, récupérer, se régénérer... se mettre sur *pause* quoi !
Vous m’avez compris je pense.
A voir certaines lettres reçues au bureau, je ne dois pas être le seul à avoir besoin d’une telle coupure, n’est-ce pas Ruby ?
(la destinataire est une réalisatrice – la moindre lettre, la moindre virgule est respectée)

"Chère Madame,
Comment allez-vous ? C’est Ruby, le
*nom du festival*
, qui vous écrit.

Nous somme très contente de pouvoir presenter ton film dans le festival, mais par contre, c’est dommage que vous ne pourriez pas venir à cause du tournage. Si un jour vous seriez disponible, vous êtes toujours bienvenue chez nous à Taïwan.

D’ailleurs, nous avons une idée de transmettre aux spectateurs certain message de votre part, qui sera diffusé après la projection du film. Ce n’est pas bien sûr la meilleure façon de faire les taïwanais vous comprendre plus, mais nous croyons que les spectateurs attendent sans doute beaucoup votre message comme bonus.

Si cela ne vous dérange pas trop, nous concevons que ce massage
(oui, ce massage !)
durera 3-5 min., et y comprend la salutation, le massage que vous voulez transmettre par *titre du film* et des projets du film et votre préoccupation dans ces projets. Bien sûr, vous pouvez y mettre d’autres messages que nous ne marquons là-dessus.

Le commissaire du festival Mlle
*nom de la personne* et les membres de jury adorent et apprécient cette œuvre, pour ces sentiments d’admiration, nous attendons beaucoup votre parole enregistrée. Nous vous remercions d’avance de votre attention, et nous gardons toujours votre visite chez nous.

Nous vous souhaitons un été passionnant, et très cordialement.

Sincères salutations,
Ruby"



En fait Ruby est taïwanaise, je suis donc d’une mauvaise foi totale, surtout qu’elle parle un français presque irréprochable. Evidemment bien meilleur que mon chinois.
Tout ce que je sais dire, en chinois, c’est « jià ».
Ça veut dire... « vacances ».
Mon été est passionnant !

mardi 7 août 2007

Captivity : mon premier film, demain au cinéma


Mon année à L.A. m’aura permis, entre autres bonheurs, de concrétiser un rêve de gosse : lancer ma carrière d’acteur.

Le mardi 27 février dernier, je jouais en effet sous la direction de Roland Joffé (le réalisateur de Mission, Palme d’Or à Cannes en 1986) et au côté d’Elisha Cuthbert (la fille de Jack Bauer dans 24, qu’on a également pu apercevoir dans Girl Next Door ou La maison de cire).
Captivity, c’est le titre de cette première pierre angulaire dans la construction de ma filmographie, raconte l’histoire d’un top model qui se fait kidnapper et torturer.
J’ai eu l’honneur d’interpréter le rôle d’un clubbeur, témoin de l’empoisonnement de la jeune fille dans un night club de New York. Un grand rôle, qui ne passera pas inaperçu.

Le film sort demain, et la critique est unanime :
(de toute façon la tagline de l'affiche vous prévient déjà : Imaginez le pire...)

« Un suspense horrifique convenu » - Philippe Ross, Télé 7 Jours

« Le film semble avoir été coupé pour ne présenter qu'une enfilade de scènes choquantes destinées à décontenancer le spectateur (...) C'est sale, sans but et interminable, ce qui a au moins le mérite de l'originalité (...) » - Guillaume Tion, MCinema.com

« Captivity (...) ressemble à du hachis parmentier (...) Par pitié, restez à la plage. » - Première

(Je me dois tout de même de contredire cette dernière critique : allez un petit peu à la plage, ok, mais aussi au cinéma, pour apprécier à sa juste valeur ma performance, qui restera dans les annales. Rendez-vous au Kodak, j’ai envie de dire…)

D’ailleurs vous avez de la chance, on me voit déjà dans la bande-annonce (si si, cherchez bien !)



Les coulisses de cette expérience unique, c’est par ici.



[Autre lieu, autre genre, autre expérience unique : retrouvez le très fidèle compte-rendu de notre Sunday Pool Party chez Poulpi !]

lundi 6 août 2007

Séduisons-nous

Au gré de mes petites histoires de cœur, ou même simples plans drague, ou plans cul, je me suis rendu compte que le moment le plus excitant, la période qui procure le plus de frissons, là où les étincelles et les délices se font le plus sentir, c’est la phase séductrice, la phase d’approche. C’est peut-être triste à dire, très réducteur, et surtout sans doute aussi parce que je n’ai pas encore vécu de très longue histoire, mais c’est ainsi que je le ressens en tout cas.
Etalée l’espace de plusieurs jours et plusieurs rendez-vous, ou expédiée par le biais d’un regard ou d’un frôlement en boîte, quelles que soient les circonstances c’est systématiquement cette phase qui me fascine le plus.
Deux personnes sont mutuellement attirées l’une à l’autre, elles le montrent avec plus ou moins d’emphase. S’ensuivent les sourires de circonstance, les mains gentiment baladeuses qui s’effleurent, les allusions plus ou moins poussées, les chansons qu’on s’envoie, les sous-entendus explicites… Le tout avec plus ou moins de subtilité ! Chacun des deux énergumènes a conscience du processus qui s’est doucement mais sûrement mis en place, et après avoir dépassé la phase « me fais-je des films ? », après que les certitudes soient acquises sur la situation, sur le fait que je te plaise et que tu me plaises, cette approche va officiellement rester telle qu’elle jusqu’à ce que la bulle éclate, en général au moment du premier baiser.
Et donc, pendant plusieurs jours, l’on va jouer toi et moi à ce jeu délicieux du chat et de la souris, ce jeu où nous avons tous deux des yeux de merlans frits, mais où nous faisons aussi tous deux très bien comme si de rien n’était. Le plaisir qu’on prend à prolonger ces moments de séduction alors que l’issue du jeu en question est déjà connue est tel que le sourire est béat et le nuage qui nous porte très haut, et tout léger, léger…
Le baiser qui suit et officialise alors le début de la relation en même temps qu’il met fin à cette phase séductrice est alors bel et bien une rupture, qui, aussi agréable soit-elle en tant que telle et pour ce qu’elle augure ensuite, reste le moment qui éteint à jamais cette première approche qui nous a réunis.
Jusqu’à la personne suivante…
Encore une fois, il est sans doute très réducteur et inconscient de ma part d’insister autant sur ces débuts altiers au détriment de toutes les jolies choses qu’on vit par la suite au sein de la relation, mais c’est bien cette séduction qui me séduit énormément ; et qui me donne envie, quoi qu’il ait pu se passer par la suite, quel qu’ait pu être le mal-être de la fin, de replonger, encore, toujours, avec certitude, la fois suivante.
Demain, je recommencerai, sans hésitation.

jeudi 2 août 2007

Bottez-moi le cul

Il est treize heures, la plus belle avenue du monde bourdonne des travailleurs excédés, des touristes complètement paumés, et de tous les tarés du quartier.
Pause déjeuner, une fois n’est pas coutume je ne sais où aller. Solution de facilité, oubliant que j’aurai faim une heure après manger, et que mon estomac souffrira, je m’arrête chez Ronald. Un Maxi Menu Big Tasty, Deluxe Potatoes et Fanta, et un Cheeseburger on the side.
(Une heure après, j’ai mal au bide, et j’ai faim.)
En sortant du McDo, sur le chemin du retour au bureau, cette bimbo clodo à l’allure plus qu’étrange, blonde platine anorexique, sale et trop UV-isée, est tirée de partout, à tel point que c’en est dégoûtant. Elle accompagne une petite grosse tout aussi sale et à l’air louche, qui pousse une poussette, bute contre le trottoir et fait ainsi tomber la poupée assise dans la poussette. Qui n’est pas une poupée. La petite fille s’étale de tout son long dans le caniveau, les deux femmes rient, édentées, puis s’énervent contre la gamine – elles n’ont pas que ça à faire.
Je trouve la scène délirante et incongrue, sortie de nulle part, ou d’un vieux film acide sur les rapports humains. Les travailleurs paumés, les touristes excédés, passent, indifférents aux tarées du quartier.
Et je me mets à devenir barge. Déjà à la sortie du fast food j’avais ri tout haut à ma bêtise prodigieuse, moi qui refuse de trop manger dans ces endroits graisseux, j’avais ri tout haut, tout seul, fort, puis m’étais mis à chanter. Les tarées n’ont rien arrangé, je me suis senti décalé, porté ailleurs, comme spectateur de cette scène (que j’étais), à l’extérieur de ma vie pour quelques minutes. Je me suis mis à marcher vite, à courir presque, souriant largement aux abrutis de la vie, me sentant niais et puissant à la fois, travailleur si peu acharné, touriste de mon existence et taré aussi barré que tous les autres.
Je n’étais qu’à quelques mètres de ma destination mais j’accélérais encore, tout sourire, chantant, zigzaguant entre les passants, définitivement étranger aux angoisses de mon quotidien du moment.
Cette extériorité passagère, grain de folie aussi inattendu que bienvenu, n’a en rien arrangé les problèmes rencontrés ces derniers temps, mais elle m’a aéré, m’a pris ailleurs et m’a fait relativiser.
Le moment, à treize heures, est anodin. Mais l’espace de quelques instants je me suis senti, et c’est fort bien, un taré serein.