vendredi 26 décembre 2008

Nos névroses viennent de l'enfance

Retrouvée au beau milieu de mon rangement d'hiver, une lettre écrite alors que j'avais 9 ans. Vous en déduirez ce que vous voudrez.



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mercredi 24 décembre 2008

Un conte de Noël

Le petit lutin facétieux allait encore se faire enguirlander. Il s'était comme toujours appliqué pour son cadeau, mais il avait perdu tous ses moyens, ses réalités et sa répartie au moment de l'offrir. Sans doute la valeur du présent l'avait-elle empêché de simplement le déposer sous le sapin, comme tout le monde et comme d'habitude. Là pour le coup, il avait vraiment chié dans la colle - ça faisait bien longtemps que ça ne lui était pas arrivé. Il en avait trop dit, il en avait trop fait - ou pas assez. Oh, après toutes ces années passées à parcourir ces sentiers escarpés que la neige et la glace avaient rendus fourbes, il aurait menti en affirmant être toujours resté debout; et perdre l'équilibre lui avait permis d'être plus solide les années suivantes - mais là, il fallait bien l'avouer, pour un si bête cadeau, ça faisait quelques générations de rennes que l'on pouvait compter depuis sa dernière glissade du genre. Voyez-vous, cette prise de tête christique, c'était uniquement parce qu'il était consciencieux. Au-delà de ça il ne risquait pas grand chose. Son cadeau raté n'était pas des plus attendus, et il n'avait même pas la possibilité physique d'en assurer le service après-vente. Alors à quoi bon ?
Ainsi qu'il cheminait en retour en ruminant toutes ces torves pensées décousues, il se sentait simplement déphasé, déconnecté, plus trop lui-même - hors du truc quoi ! Un échec cuisant. Le petit lutin facétieux demeurait malgré tout sereinement réaliste. Il avait passé trop de temps à peaufiner son cadeau, attendant depuis de longs mois le moment opportun, pour se laisser abattre. Et il n'était certainement pas du genre à se plaindre - ni à se vexer, du reste. Il allait se faire enguirlander, soit. Se faire rosser, s'en prendre tout plein sa petite gueule rougeaude creusée par le givre et l'inexpérience consacrée; marquée par l'hésitation, le suivisme et la mollesse. Il restait optimiste.
Arrivé dans sa toute petite chaumière emplie de facéties, il sortit son fer décoré de houx et il se mit à repasser sa paire de collants gris étoiles, ceux qui lui moulaient avantageusement son petit cul (très semblables aux collants portés par Jean Marais dans le Peau d'âne de Jacques Demy, au demeurant.) Il les enfila, acheva sa toilette, secoua une bonne fois pour toutes sa petite tête aléatoirement charmante selon qu'il était dans de bonnes dispositions ou non, et il ressortit dans le froid râpeux de la belle nuit de Noël. Au coin du chemin poudré de blanc, avant d'être avalé par la profonde obscurité, il s'arrêta, pensa aux prochains cadeaux, subtils et détachés; aux douleurs et aux plaisirs à venir.
Il inspira doucement, et il sourit bêtement.

lundi 22 décembre 2008

Gone










dimanche 21 décembre 2008

Lille du bonheur

Pour notre dernière nuit à l'appart, au milieu des cartons, on se l'est joué soirée pyjamecs. Et pipelettes jusqu'à trois heures du matin. Du coup on a fait défiler...

Les cinquante-quatre derniers mois.

Et si en ce dimanche soir on a terriblement envie d'en finir, c'est davantage par ennui (et tristesse que le lapin soit parti) que pour oublier Lille. Lille, fondatrice de tellement de choses fortes, de moments intenses, ne sera pas oubliée, bien sûr que non. La bonne blague !
Lille est sans exagération responsable de la personne que je suis aujourd'hui. Voilà, on s'en va, on est triste, terriblement ému (sans bien se rendre compte de ce qui se passe, ni de la suite des événements.)
Et puis pas tant que ça en fait ! C'est plutôt un plaisir serein qui nous étreint, celui d'avoir fait le tour des choses, et de l'avoir bien fait. Tout a une fin, il faut savoir s'arrêter... Je nous épargnerai donc le bilan larmoyant d'une vie étudiante exceptionnelle, et les clichés extraordinaires qui l'accompagneraient. Je nous épargnerai le ressassement, la transition douce et volontaire, progressive, inéluctable.
Plaisir serein de clore le chapitre le plus formidablement mémorable de notre courte existence.
La suite sera ici, là-bas, ailleurs, avec et sans vous, avec et sans nous. Et tout aussi belle.

J'ai des cartons à terminer, merci pour tes jolis au-revoir, Lille, je t'embrasse.
Tu laisses ta main dans la mienne !

lundi 8 décembre 2008

Viens voir les Parisiens

Gare du Nord, RER odorant, sacs européens qui pèsent, triste fausse bague en or, Chatiliez dans la pâté, pâtes et glande ("In the Navy!"), gros relous insupportables et Juliette Binoche à la Cinémathèque, pizzas-vodka-blindtest, décevante Famille, refoulement chez Moune, pluie à pied, crise financière, croissants, Star Ac' et sieur Collin dans le Marais, Lucky Records et Starbucks avorté, Art brut et Gloubiboulga, Wii, vodka-fraise à 20 heures, poitrine généreuse ("ça va déborder !"), une Américaine et deux hétéros, Miss France, photos cadeaux gâteaux, spliffs, métro, Tango sans queue(s), ambiance parfaite, squat du podium, matages au Red Bull-qui-donne-des-ailes, Oberkampf et verre d'eau, une liste au Bataclan, quelques sauts de cabri, beaucoup de Têtus, plus ou moins charmants, SOS homophobie, petit déjeuner républicain, lever de soleil, coucher 8h15, matelas froid, lever 12h15, deuxième petit déjeuner, thé, ciné à la bourre, "pour elle", relous habituels ne savent pas se taire, Starbucks Beaubourg, doubles confidences sentimentales, froid, rive gauche, fourmi ailée, quiche, courant d'air, desserts chez Panis, "à quoi tu penses ?", le cirque de Britney, froid, métro glauque, flemme, fatigue, plantage, chaleur, trop chaud, doubles confidences bis, angoisses, délices, nervosité, tremblements, du mal à dormir.

À quoi tu penses ?

À cette angoissante sensation d'être à contre-courant : ces folles envies de Paris, ce besoin, même - alors que je suis à quelques semaines de New York (mais je ne me plains pas, non non non, je constate.)
À ce lunatisme tout neuf : Lille qui s'éloigne, un coup c'est atroce, l'autre fois j'ai envie d'en finir.
À ces excellents week-ends, à ces agacements du quotidien, à mon indécision permanente, à mes doutes latents.
À l'interprétation que je peux faire de ces comportements, à ce que je ne vis pas alors que je dis et pense le désirer ardemment sans pour autant vraiment me jeter à l'eau.
Je pense à moi, je pense que je suis trop fatigué pour penser davantage et vous emmerder tout autant; je pense à elle, à eux; je pense à lui.
Et je vous souhaite une bien bonne nuit !