jeudi 30 juillet 2009

Boys on Fire

C'est une fine bande de terre au large de Long Island, à plus de deux heures de Manhattan. Sur l'île, pas de voitures. A la descente du ferry, des hommes nus. Pas une femme.

Ceci est un chouilla exagéré, mais du côté de Pines (évidemment il n'y a là aucun jeu de mot vaseux pour nos amis américains), la vie est tres gay. Un peu trop même ! Le stéréotype bodybuildé épilé snobinard de Chelsea avec son chihuahua dans les bras, je ne suis pas très fan.

Au-delà de ça, Fire Island n'a pas galvaudé son titre de "plus belle plage de New York" - surtout lorsque vos amis vous invitent à séjourner avec eux dans la maison qu'ils louent à cent mètres des vagues. Au milieu des pins (vous comprenez à present ?), il vous suffit de lézarder dans la piscine, de jacuzzier dans le jacuzzi et de siroter les cocktails maison (dès 13h si possible, histoire d'arriver en forme aux différents 'teas' du soir, les apéros locaux où tous les mâles de l'île se retrouvent.)
Au bout du ponton, le sable fin et le tempétueux Atlantique. Plus au Sud, Cherry Grove, bastion lesbien (avec Drag-Queen Show autour de la piscine). Entre les deux, femmes et hommes naturistes, pour le plaisir des yeux (ou pas.) Le décor est planté. Vous passerez le week-end à demi nu.

Ne vous y trompez pas, sous ses airs (assumés) d'Île de la tentation (avec Laundry Fucking Room intégrée), Fire Island est bel et bien la meilleure destination estivale new-yorkaise.
A petite dose...

Quelques illustrations qui parlent d'elles-mêmes :


The Wise Man And His Disciples











Au réveil, tout à fait.






Gay?









Se faire violer à Central Park

Errer dans Central Park, c'est passer d'un extrême à l'autre.
Notamment lors d'une douce soirée d'été.

Les couples amoureux voguent tranquillement sur leur petite barque tellement romantique, un jazzman solitaire souffle quelques notes réconfortantes dans la chaleur du soir qui tombe, puis ce sont quinze djembés endiablés qui font danser les jeunes et les vieux autour d'un banc; un violoniste accompagne ce mime immobile. Les familles déambulent en criant, les joggeurs courent en suant, des effluves enivrantes de substances diverses vous chatouillent les narines et les skaters passent et dépassent tous ces groupes bigarrés. C'est frais, c'est classe, c'est décalé, c'est original, cliché et pour le moins diversifié. En descendant par l'Est, les musées. Whitney, Guggenheim, Met... Aux extrémités Nord, Columbia et Harlem. Plus au Sud, "The Great Lawn" et ses concerts du Philharmonic, Anne Hathaway qui déclame Shakespeare en plein air, à deux pas d'un petit lac bourré de tortues.

Tout est bon pour faire taire la rumeur de la ville.
Et ça marche.

Je dépasse ce conglomérat bariolé pour arriver à un enchevêtrement de petites allées tout droit sorties du Wonderland de Lewis Carroll. La nuit tombe, il fait sombre. Je me perds tranquillement. Croise un paisible raton laveur. Un deuxième. Un homme torse nu. Tiens... Je comprends qu'au-delà de la "réserve naturelle" de Central Park ("The Ramble"), je me trouve aussi très vraisemblablement dans un parc naturel pour bears et autres espèces 'cruisantes' de la faune (et la flore) gaies. Pourquoi pas... Sauf qu'au-delà de 'surréaliste', c'est le côté glauque et vraiment pas rassurant de la chose qui pointe le bout de son nez.

Cette ville est décidément pleine de surprises.

lundi 27 juillet 2009

La conjuration du dimanche soir

Car ce lundi tant abhorré, pour mieux l'appréhender, il faut bien l'encadrer.
(Même à New York, oui.)
Or ici rien de plus simple : les meilleures soirées de la semaine ont lieu les dimanche et lundi soirs.

Après un démarrage chaotique, rien de tel qu'un "Queen-go", un bingo animé par des drag-queens au Bowery Poetry Club le lundi. C'est frais, cheap, follement amusant, et l'on peut même repartir avec près de $300 en cash...

Mais revenons au pire : c'est bien ce fameux dimanche soir, cette glauque conclusion de la semaine. Bien souvent le week-end a été parfait et l'on se prend à penser à tout ce qui a été laissé en plan au bureau le vendredi, et qui nous attend de pied ferme le lendemain. L'horreur.
Pour ne plus y penser, buvons donc (open-bar) à Vandam (@ Greenhouse), la meilleure soirée new-yorkaise selon votre serviteur. Pourquoi ? Parce qu'endroit unique, musique parfaite, entrée gratuite et populasse au poil. Imbattable !!

Entre les déhanchements au club-du-feuillage et les jetons jetés au rythme des vannes de Murray Hill et Linda Simpson, les Mondays new-yorkais n'ont qu'à bien se tenir.

lundi 6 juillet 2009

Salut salope!

Mardi 10 mars dans un bar new-yorkais, une tête bouclée 'germanicaine' se penche en nous entendant parler français. Son visage se couvre d'un large sourire, il adore la langue française, les garçons français... - nous rencontrons Anthony. Un peu plus tard dans la soirée il tient à me présenter à son ami français à lui, "assis là-bas". Je maugrée pour la forme, dans une vaine tentative pas tout à fait assumée de rencontrer le moins de Frenchies possible à New York. Mais au fond je les aime bien ces nouvelles rencontres, quelle que soit leur nationalité. Me voilà donc présenté à William, sereinement assis sur le patio, vêtu d'un élégant manteau d'hiver, la cigarette à la main. William est impressionnant durant la première dizaine de minutes de la rencontre, un mélange de timidité et de distance qui passe facilement pour de l'arrogance. Puis les langues se délient et les sourires s'élargissent.

Presque dix-sept semaines plus tard, dimanche 5 juillet, Anthony est en larmes dans un ascenseur d'un bel immeuble du Financial District. Nous remontons chercher des affaires que William nous a laissées, après l'avoir aidé lui et ses géniales colocataires à descendre leurs bagages; après les avoir embrassés et les avoir foutus dans un taxi en partance pour JFK. De là, leur vol retour pour Paris. Anthony a fait bonne figure au moment des embrassades. Dans l'ascenseur il craque.

Pour pallier à la sensation d'étouffement je suis alors allé marcher deux heures dans Central Park, et c'est là que ma gorge s'est dénouée et que mes larmes à moi ont pu couler. Je n'aime décidément pas les "au revoir". Et pourtant, William, je le reverrai vite justement. La fin de l'été arrivera en un claquement de doigts et je serai à mon tour de retour à Paris.

Il s'agit en fait là d'une autre tristesse, différente de celle que l'on éprouve lorsque des amis (voire davantage que des amis) vous rendent visite et puis s'en vont, et ce même si les implications sentimentales peuvent là être parfois plus fortes.
William s'en va, et avec lui un pan de notre vie new-yorkaise. Ce que nous avons vécu ensemble ici, plus jamais nous le revivrons, et c'est cette bulle définitivement éclatée qui nous serre le coeur.

Nous sommes arrivés ici en même temps, avant de nous rendre compte que nous avions déjà vécu en Californie exactement au même moment sans jamais nous y croiser.
Ces quatre mois new-yorkais avec lui ont été emplis de sorties, de balades et de soirées. Des après-midi shopping, des brunches et des dîners, des escapades dans le Massachusetts et le New Jersey, des spectacle et concert... et puis toutes ces soirées. Sans compter les innombrables tentatives de ses colocs pour que nous finissions ensemble. Mais nous n'avons jamais failli à notre amitié.

Une amitié entre expats est toujours particulière. La rencontre est souvent brusque, et en partant de rien tout se construit très vite - car le temps est compté, et les amis souvent moins nombreux qu'à la maison. On se voit donc partout, tout le temps, et la proximité se met en place très rapidement. Le risque, c'est cette sensation de penser connaître extrêmement bien quelqu'un en très peu de temps - avant parfois de tomber de haut au détour d'une discussion inhabituelle ou de la soirée de trop (la septième de la semaine par exemple, la saturation.)
Rien de cela n'est arrivé avec William. Notre qualité d'échange ne s'est jamais départie de sa sincérité originelle, et n'a jamais été sacrifiée ou bafouée. C'est assez rare dans ces conditions particulières de moments de vie temporaires à l'étranger pour que je veuille le souligner.

Je sais que je vais le retrouver, et que tout cela s'en trouvera sans doute renforcé. Mais en attendant, je maudis ce temps qui passe si vite, et je marque le coup pour honorer cette bulle-là, de quatre mois précisément, qui est déjà du passé.
Un clin d'oeil appuyé pour William qui a été le plus enjoué des lecteurs de ce blog récemment.

Anthony et moi allons continuer à nous amuser, à profiter, oui. Mais désormais, c'est véritablement amputés que nous parcourrons cet été. Un trio inclassable, infernal et improbable, à deux ça ne fonctionne pas.
Anthony qu'il vous faudrait d'ailleurs entendre déclamer en toute sincérité, et dans son bel accent français, qu'il est "désenchanté". Désenchanté d'avoir perdu un de ses petits Français new-yorkais, ceux qu'il gratifie systématiquement et toujours avec l'accent d'un tonitruant "Salut salope!" pour les saluer.

Avant de repartir au ryhtme du soleil new-yorkais moi aussi je suis désenchanté.
Et je pense très fort à notre William, la plus belle de toutes ces salopes.