lundi 23 mars 2009

Brooklyn boy(s)

Le post précédent nous a laissés à Brooklyn - restons-y (en quelque sorte.)

C’était un week-end non planifié, ce qui voulait dire beaucoup quand on connaît mon côté control freak. L’idée m’était tout à fait délicieuse après les semaines assez intenses qui venaient de s’écouler (que l’on ne se méprenne pas, je parle d’intensité socialo-alcoolo-trépidante, rien d’autre -cf. post précédent bis.)
Et puis vendredi soir cet ami d’amie que je n’avais pas encore rencontré m’a proposé de le rejoindre au Bowery Hotel pour boire du vin avec ses amis à lui. J’ai accepté avec plaisir. Lui était adorable, le problème a davantage résidé dans son amie parisienne philosophe et dépressive qui avait « tout lâché à Paris » pour sa « nouvelle vie new-yorkaise », et qui voulait « faire n’importe quoi avec moi de temps en temps, des trucs de notre âge quoi », il fallait que je l’appelle, et puis elle avait « plein de copines trop bonnes à me présenter », d’abord. Sur le patio, l'une de leurs amies emballait Jason Segel, la star de Knocked Up, Forgetting Sarah Marshall et le tout récent I Love You, Man. Il y avait aussi ce puant magnat de la mode, franchouillard trentenaire rondouillard dont le seul sujet de conversation était ses amis les pipoles, Kirsten Dunst, Anne Hathaway… Pas Sean Penn en revanche, du coup il n’est pas allé voir Milk vous comprenez. « Ah en plus il fait le pédé Sean dans ce film ? » A un moment où me trouvant près de lui j’ai voulu engager la conversation, je lui ai demandé ce qu’il faisait exactement. « Tu vois avec ma femme on a notre maison de couture et on fait 17 millions de dollars de chiffre d’affaires par an, tu vois, c’est cool. » C’est cool.

Je les ai quittés prématurément, l’amusement social d’observation ayant atteint ses limites. Et puis j’étais attendu ailleurs, A. m’avait entretemps proposé de le rejoindre avec C. et W. Je connaissais peu C., le mec de A., mais j’apprécie énormément ce dernier et il ne s’est quasiment pas passé un jour depuis que nous nous sommes rencontrés sans que nous nous soyions vus. Il est charmant, et drôle, et sympathique, tellement gentil et rempli de vie, c’est un bonheur de hang out avec lui. Et W. est une crème aussi, le genre de mec que tu es content de retrouver aux soirées tu vois. Bref tout ça valait bien une demi-heure de métro pour remonter vers l’Upper West Side, et les retrouver tous les trois à cette soirée française militaire. Française parce qu’organisée par des étudiants bleu-blanc-rouge en coloc’, militaire parce que c’était le thème choisi pour leur soirée. Pourquoi pas ? Grand appartement, terrasse (c’était le premier jour du printemps, ne déconnons pas), et trente Frenchies en treillis et jupes d’infirmières ras-la-foune pour ces dames (c’est vrai qu’infirmière, en soirée militaire ça passe – alors si ça peut permettre de se dévêtir pour aguicher du colonel, et jouer avec les grosses seringues, pourquoi pas !)
A., C. et leur charmante amie M. sont quasiment les seuls Américains. Avec eux, je me fais passer pour tel auprès des Hexagonaux auxquels nous sommes présentés. Nous assistons là à un regroupement assez cliché du Français en groupe à l’étranger, gueulard et mauvais en Anglais. Je me considère hors cette catégorisation, j’observe donc, m’agace un peu mais m’amuse beaucoup au final – ils ne sont pas bien méchants ces compatriotes, juste un peu beaufs pour certains. Et puis nous buvons (ma résolution du jour de me calmer sur l’alcool, pour le bien-être de mon épiderme, de mon foie et de mon compte en banque, aura été de courte durée.) Nous buvons, donc, nous dansons un peu, et rigolons beaucoup. Toujours collés ensemble, A., C., M., W. et moi. Et puis à un moment, nous partons. Je ne sais plus trop d’où c’est venu, mais assez naturellement et spontanément je crois en tout cas, A. et C., qui hébergent leur amie M. pour le week-end me proposent de passer la nuit chez eux moi aussi. C’est beaucoup plus loin que chez moi, ils vivent à Brooklyn, à Prospect Heights. Je n’ai aucune raison d’accepter. Je ne sais plus trop d’où c’est venu, mais assez naturellement et spontanément en tout cas, et avec bonne humeur, j’accepte. Taxi. C’est là que ça commence à tanguer. Un peu d’air, ouvrons la fenêtre. Ce trajet est interminable. Trou noir, je m’endors, ou pass out comme on dit ici. Je me réveille lorsque la voiture s’arrête devant chez eux. Juste le temps d’ouvrir la porte, de sortir, je vomis mes tripes sur le trottoir. A partir de là, toute idée d'une quelconque interaction sexuelle à plusieurs qui aurait pu t’effleurer, lecteur (ne nie pas), et qui nous avait je crois tous un peu effleurés, s’évapore. Pouf, disparue. Le trottoir était un avant-goût, je me vide l’estomac pendant une heure dans leur salle de bains avant d’aller me coucher. Nous dormons tous les trois dans leur lit, leur amie M. dans la chambre d’amie. Et avec le sommeil de plomb auquel nous succombons tous en l’espace de quelques secondes vu notre état, s’opère une douce transition inattendue, pour présider au samedi qui arrive. Nous nous réveillons bourrés, bien sûr. Mais dans la bonne humeur. Ciel bleu, air printanier, soleil de plomb. Brooklyn est calme et sent bon. Douches, ménage, musique à fond, fenêtres ouvertes, rires et sourire, une fille et trois types, comme ça, tous simples, qui se connaissent peu mais ont l'impression de s'estimer beaucoup, déjà.

A ce stade, il faut mentionner mon impétueux besoin de travailler pour le concours que je passe à Paris dans quinze jours - impétueux besoin très lié à l'absence de plans quelconques dudit week-end, en fait. De m'être levé à midi tout imbibé je culpabilise déjà, du coup.
L'ange et le diable sont chacun sur mon épaule, tous deux très à l'oeuvre. Déraisonnable, j'écoute le diable, c'est plus excitant. Et je fais bien. La journée qui suit est faite de petits riens idylliques. Le brunch, la balade dans le parc, la visite du frère, le resto le soir, les préparatifs pour la soirée, encore, toujours. Et les discussions ininterrompues. Il ne se passe rien, mais l'essentiel est là, impalpable et brodé dans la douceur infinie du soleil. Je retrouve cette bulle d'apaisement et d'évidences, hors du temps, hors de New York d'ailleurs. Brooklyn m'apparaît désormais comme un no man's land de petits bonheurs, indispensable.

Je m'attache.

New Gay York : proche de l'Ohio

Il y a donc eu cette folle semaine new-yorkaise du cinéma français. Un excellent prétexte pour sortir bien au-delà du raisonnable, flanqué de nouveaux amis assez exceptionnels, avec lesquels nous formions une joyeuse troupe de drilles un peu fous - un peu folles pardon... Je vous les initialise : B., I., J.-M., puis A., W., M., A., S., B., etc. Le trio improbable, le trio infernal, c'était vraiment B., I. et moi-même - ces trois-là je vous jure... Mais une fois qu'on les a rencontrés, A. et W. n'étaient pas mal non plus.


Bref ! Un dimanche soir à Brooklyn, que fait votre boss bourré à une soirée boulot ? Il vous propose de sortir plus en avant dans la nuit noire new-yorkaise. Et il vous emmène avec vos nouveaux accolytes sus-initialisés au Maritime Hotel. A Hiro plus précisément, soirée gay aux relents nippons (c'est là qu'a été tournée la fameuse scène de boucherie à la fin du premier volume de Tarantino's Kill Bill, vous situez ?) Le lieu est impressionnant, la musique excellente et les garçons beaux dans toute leur diversité : il y en a pour tous les goûts, et cette grande décomplexion permet à B. de danser sur le podium avec le go-go officiel, et à votre serviteur de se faire dragouiller par un cliché bodybuildé bien de chez l'Oncle Sam.

Le mardi soir, vous vous dites que la semaine est déjà bien entamée et vous résistez bien peu aux sirènes de la nuit - vous vous rendez à la mythique soirée Beige @ B-Bar. Les gens terminent leur dîner lorsque vous arrivez, vous êtes sceptique, et puis peu à peu l'ambiance devient intéressante - les rencontres se font très facilement, et c'est plutôt de l'ordre de la discussion passionnée que de la danse endiablée - et c'est très bien comme ça. Surtout lorsque le gai bloggeur star Michael Musto offre des verres à toute votre joyeuse troupe.

Mercredi, au point où vous en êtes, vous ne considérez pas le fait de tout faire gicler à Splash (haha) comme un problème. Là, l'atmosphère et les mâles sont bien moins intéressants, mais la musique est bonne, et quand la musique est bonne...

Le jeudi vous jurez que jamais au grand jamais vous ne sortirez. C'est donc tout naturellement que vous vous retrouvez au G Lounge, puis à Barracuda. Le premier ne vous plaît pas : les trentenaires snobinards bodybuildés torse poils ne sont pas assez friendly pour vous plaire - ils sont même puants. En revanche, la foule du second, incluant un petit vieux de quatre vingt ans tout de cuir vêtu, ainsi que la musique et le drag-queen show, vous séduisent promptement.
Et puis vers les quatre heures, alors que le bar se vide, votre cher ami américain A. décide de parler à un bellâtre en se faisant passer pour Français. Le bellâtre n'y voit que du feu, A. se débrouillant plutôt bien dans la langue de Molière. "I'm an actor you know", lance bellâtre, bien plus haut que son postérieur, nous apparaissant tout de suite moins sympathique et correspondant davantage à la foule haïe du G Lounge pré-cité. Par un stratagème que votre serviteur a oublié dans son verre ce soir-là, il finit par se rendre compte du subterfuge, et de cette amusante blagounette d'adolescents. Non, A. n'est pas Français, la belle affaire ! Oui mais voilà, ça ne plaît pas du tout au bellâtre cette histoire-là, mais alors pas du tout. Nous sommes assez surpris de sa réaction méprisante excessive. "How dare you lie to me??"
Haha, ben voyons. C'est qu'il n'en démord pas. Je me moque gentiment de lui ("Oh sorry it's so bad to lie, we shouldn't laugh about it, how stupid we are..."), ça ne fait évidemment qu'aggraver les choses. Bellâtre se fait agressif, presque menaçant. Tout cela me fait vraiment rire, je ne suis pas énervé le moins du monde - je lui dis donc très posément que "I think you are the worst person I've ever met in this country!" - bon ok j'ai un peu bu, ça n'aide pas à faire dans la subtilité. C'est le feu d'artifice, un vrai bouquet final : "Who do you think you are? You don't have a green card? Then go back to your fucking country you piece of shit, you're just trash!!!" C'était vraiment charmant, qu'est-ce que j'ai ri ! Son ami n'a rien compris, et certainement pas pourquoi Tyler éait dans cet état. Oui, Tyler, le petit nom du bellâtre - c'est A. qui a fait le rapprochement le lendemain. Le bellâtre, c'est lui, une star de la télé-réalité américaine (The Real World Key West) :




Vendredi, il nous a fallu nous remettre de nos émotions : direction Mr. Black, énorme club qui accueillait ce soir-là un fameux rappeur gay dont j'ai oublié le doux patronyme - mais surtout Amanda Lepore, véritable icône transsexuelle américaine, célèbre pour être la muse de David LaChapelle.
(B. et moi avions déjà étrenné Mr. Black quinze jours auparavant, lors d'une mémorable soirée qui nous avait conduits jusqu'à Escuelita - club gay spécial blacks et latinos, où vous vous sentez un peu tâche avec votre peau transparente et où vous lorgnez sur un nombre incalculable de mecs magnifiques dont vous n'imagineriez JAMAIS qu'ils puissent être homos en les croisant dans la rue, see what I mean?)



Samedi est arrivé, et avec lui l'escapade à Williamsburg, quartier hipster (bobo branché) de Brooklyn. Direction Sugarland, fort sympathique bar-boîte dans un vieux hangar désaffecté, et à la très bonne programmation musicale. C'est aussi un endroit où le barman vous demande de le galocher pour vous donner votre verre d'eau. Soit.

Et la semaine s'est conclue là-dessus, une folle semaine de folles donc, le tour de la New York Gay Scene en sept nuits. Une joyeuse troupe et des expériences intéressantes ! Quite unforgettable surtout, comme dirait l'autre. En fait, clubber crée des liens, tout à fait.
Egalement, un état physique proche du délabrement avancé pour m'être levé chaque jour à huit heures et être allé vaillamment travailler. Le relâchement la semaine suivante a été particulièrement douloureux. "J'suis dans un état..."
Cette ville se laisse donc apprivoiser - à refaire, pour sûr.
Please come visit me, I know where to go.

samedi 21 mars 2009

Natalie Dessay in Bellini's La Sonnambula at the NY Met Opera

4h30 de file d'attente pour récupérer des places d'orchestre à 20$ au lieu de 200 et religieusement écouter THE diva. Au Met, tant qu'à faire (où le carrelage des toilettes est identique à celui de la salle de bains chez mes parents, un signe.)
C'était absolument nécessaire, je n'apprécie vraiment l'opéra que depuis trois ans, mais je l'apprécie de plus en plus. Quant à 'elle', rendons à César ce qui lui appartient, M.-L. et J. ont été les précieux bâtisseurs de mon admiration à son égard. Je n'y allais que pour elle en fait. Bellini se limitait jusque-la à Samba de Janeiro dans mon pauvre esprit écervelé. (Mais elle aurait pu chanter ce tube de l'été, je serais resté.)

Elle est incroyable - c'est d'ailleurs J. qui m'a montré la première fois cette vidéo à regarder impérativement jusqu'à la fin. Elle y chante un air de Bernstein au titre éloquent, et elle est incroyable (je l'ai déjà dit peut-être ?) Elle chante et joue a la perfection, une vraie interprète.




Mercredi soir, La sonnambula de Bellini (donc) n'était pas le plus flamboyant du monde, dramatiquement, musicalement ou dans sa mise en scène, mais les airs étaient magnifiques. Juan Diego Flórez chantait à la perfection.
Et Natalie Dessay était incroyable.

Au cirque avec Britney


Oui, j'étais l'excité détenteur d'un précieux sésame pour le Circus Starring Britney Spears !
Samedi 14 mars, je me rendis donc vaillamment a Newark, New Jersey, au Prudential Center. (C'est vrai, après tout, quel pouvait bien être l'intérêt pour Brit-Brit de se produire au coeur de New York, au Madison Square Garden par exemple ? On me souffle d'ailleurs dans le même ordre d'idée que ses concerts à Bercy des 4, 5 et 6 juillet prochains - officialisés la semaine prochaine - sont désormais transférés au Zénith d'Orléans.)
Bref - un peu d'humour amer pour traduire ma légère déception, si j'ose dire.

J'aurais dû me méfier en voyant l'affiche d'un concert d'André Rieu trôner dans le hall de l'arena, ceci dit.
Bon soyons francs, une bonne partie de la déception est liée à mon emplacement (tout là-haut là-haut), mais pas le choix, je n'avais pas les moyens de mettre 300$ dans la place, pardon de vous décevoir. Ensuite le public américain n'aide pas tellement, comme d'hab' - en concert c'est encore plus particulier hein, ça se lève pour aller boire et bouffer comme à un match de base-ball (comme au cinoche, comme partout en fait), et ça reste assis les trois-quarts du temps - la lose, j'étais le seul debout à gesticuler vainement du début à la fin. Il faut dire que les places en "fosse" sont très limitées, et sont en fait considerées comme VIP, a 300$ donc... Du coup 99% de l'Arena est seated et ne se lève que pour Womanizer - en gros.

Bref à ce niveau-là Bercy - Orléans pardon - sera forcément différent.

Le "concert" (le show) en lui-même ? Passons sur la performance strictement professionnelle mais (donc ?) efficace des Pussycat Dolls pour réveiller le public en apéritif.
Je trouve ça dommage d'appeler la tournée le Circus Tour et de ne faire que trois chansons dudit album Circus (pas difficile de deviner lesquelles), la logique m'échappe. Du coup beaucoup de Blackout, ce qui est très bien (Piece of Me, Radar, Ooh Ooh Baby/Hot as Ice, Freakshow, Get Naked (I Got a Plan), des extraits remixés de Break the Ice et Gimme More en transitions), mais je suis quand même resté sur ma faim côté cirque.
Et cette bitch n'est sur scène qu'1h30 !! Soit peu de place aux vieux tubes... Seulement trois, mais pour ce qui fut certainement la meilleure partie du concert du coup. Parce qu'enchaîner I'm a Slave 4U, Toxic et Baby One More Time provoque quelques frissons de nostalgie et d'excitation, forcément.

Niveau chorés c'est impeccable, mais c'est la moindre des choses quand on est en full lipsinging du début à la fin... Même Mado (celle de Detroit, pas la Québecoise) avait la décence de chanter faux sur une ou deux chansons pour prouver qu'elle n'était pas tout le temps en playback.
Il n'y a guère que sur Everytime qu'on peut accoler à Brit la mention 'live'. En même temps, à califourchon sur un parapluie géant, c'est facile.
Communion avec le public ? Zéro, mais alors zéro de chez zéro, et pas grand chose à ajouter à ce sujet du coup - elle est plus chaleureuse dans ses clips que sur scène, voilà tout.

Paradoxe de l'effet Britney, j'ai quand même pris mon pied - mais j'en attendais vraiment plus. Ses concerts orléanais rendront bien mieux, sans aucun doute.
Ne serait-ce que parce que je vous connais chers lecteurs, et que vous y serez !

vendredi 20 mars 2009

La fille du RER, Villa Amalia... and co.


Dans La fille du RER, André Téchiné s'attache à un fait divers français d'il y a quelques années, mais aussi du propre aveu du co-scénariste Jean-Marie Besset, auteur de la pièce dont s'inspire le film, au fait divers quasi-identique qui avait eu lieu aux USA en 1995. Deux histoires très semblables de femmes s'inventant une agression, et des raisons d'être agressées - pour leurs propres raisons à elles. Ici, celles-ci sont fantasmées, évidemment. Et c'est tant mieux.
Ce qui donne un film éblouissant sur notre France sarkozyste, avide de sensationnalisme et de victimisation excessive. Bref, un portrait pas très flatteur, mais terriblement juste, et brillamment mis en scène. Une ouverture hypnotisante, un chat sur Internet magistralement filmé (il fallait le faire), des transitions en rollers et un coup de couteau qui coupe le souffle - le sang qui traîne, le visage féminin qui se superpose... Et tous les moments purement techinesques, par souffles, ou par scènes qui prennent le temps de dire ce qu'elles ont à dire, ou de montrer ce qu'elles ont à montrer, sans artifice outrancier.

La fille du RER est aussi un portrait de jeune fille/femme, une ingénue qui se reveille, et se révèle, pas sous ses meilleurs aspects pour autant. Une héroïne quand même, superbement campée par une Emilie Dequenne transformée, tour a tour fascinante ou agaçante. Ce qui nous touche ici, c'est le fait divers politique qui n'exprime au final que des malaises personnels. Le mélange des thèmes et des scènes est subtil, voire impressionnant vu la densité narrative et dramatique du film.
Il faudra oublier une fin traînante pour se rappeler ce grand film qui parle aussi bien de culpabilité, de préjugés, de religion, de violence, de lutte des classes d'une certaine façon... que d'éducation, de politique et de notre société à nous, celle qui nous abrite, qui est aussi celle que l'on fabrique. Catherine Deneuve, Michel Blanc, Mathieu Demy, Ronit Elkabetz et Nicolas Duvauchelle sont tous complexes et vrais. La fille du RER est un film captivant.



Dans Villa Amalia, Benoît Jacquot filme Isabelle Huppert au plus nu d'elle-même, dans sa vieillesse naturelle. Et Isabelle Huppert est époustouflante dans le rôle de cette femme qui prend la décision qui a tous pu nous effleurer, celle de tout plaquer - et qui l'assume jusqu'au bout, sans concessions. L'histoire est dramatique, c'est sa tendresse qui frappe. Beaucoup de solitude, et la vérité, toujours, aussi troublante ou amusante puisse-t-elle être. Le film est à la fois angoissant et rassurant, beau très certainement. On n'a jamais autant aimé voir un acteur de dos. Tout cela semble nous dire que rien n'est très grave, et que l'amitié sous ses formes les plus improbable et soudaine, quelques notes de piano et le souffle de la mer apporteront le réconfort attendu, et suffisant.
Villa Amalia sort le 8 avril en France.



Pendant ces Rendez-vous with French Cinema, j'ai aussi apprécié la générosité d'Aide-toi le ciel t'aidera, les savoureux face-à-face de Bellamy, la misère de Versailles, la beauté apaisante de Séraphine, le réalisme dévastateur de L'apprenti, la nuit urbaine et le coup de marteau de L'autre, la chaleur enveloppante de la relation père-fille du très beau 35 Rhums. J'ai également revu Les plages d'Agnès et Le plaisir de chanter, parce qu'ils le valent bien.

dimanche 8 mars 2009

Rendez-vous


Les affaires reprennent.

Je sors du métro, ligne 1, la rouge, au niveau de la 79ème rue sur Broadway.
"The party? 24th floor."
Je grimpe tout là-haut, un vestiaire de fortune est installé dans le couloir, puis il me faut encore gravir quelques marches pour arriver dans le penthouse de ce richissime magnat du cinéma. L'appartement est immense, des toiles de maître sur les murs et beaucoup de gens qui devisent et s'esclaffent, en anglais ou en français. Soirée privée pour les "Rendez-vous with French Cinema". Costa-Gavras est en grande discussion sur le canapé, Agnès Varda sirote son champagne assise dans un fauteuil, Anne Fontaine admire la vue. Et quelle vue ! La plus belle de New York, et que je ne reverrai sans doute pas de sitôt. Tout Manhattan est à nos pieds, le Chrysler scintille au loin.
Je discute avec le réalisateur du Plaisir de chanter, le scénariste de Téchiné, les producteurs et réalisateurs de Versailles et Séraphine.
Je kiffe grave, je me la pète - et ça fait vraiment du bien.