Just dance
Le nouveau blog est arrivé.
Outre-Manche pour commencer. Puis en Asie, en Australie, partout en Europe, en Afrique, en Amérique... Je voulais un tour du monde ? Je l'ai, il arrive. Et rémunéré. Et cultivé. Je travaille à Londres pour préparer la tournée d'un spectacle de danse contemporaine - nous nous envolons en septembre.
Publié par Arthur à 02:39 1 commentaires
C'est du futur simple. Nous le savons, que nous mourrons.
Pourtant je suis terrifié par la mort. Et c'est récent. Avant je m'en moquais. Désormais elle m'angoisse terriblement, le soir dans mon lit.
Il y a l'aspect narcissique des choses. Je ne crois en rien après la mort. Nous disparaissons, nous n'existons plus jamais. C'est le néant éternel. Difficilement concevable pour nos esprits bornés. Pourtant j'y crois dur comme fer. Et l'idée du rien pour toujours, de ma non-existence à venir, me terrorise.
Plus légitime, il y a l'angoisse terrible de perdre les gens qu'on aime (le mal-être qui en découle pourrait être lui aussi rattaché à une certaine forme de narcissime - mais ce soir là n'est pas la question.) Je vieillis, et comme nous en discutions il y a peu avec des amis, les situations de mort autour de moi vont être de plus en plus fréquentes, j'en suis conscient.
Enfin, cet éphémère, cette relativité... tournent tellement de choses en ridicule. Fi des clichés, je ne peux simplement pas me résoudre à compliquer la vie plus qu'elle ne l'est déjà, tout comme je ne puis me résoudre à gâcher des moments, à ne pas profiter du paroxysme de tout et de chacun, partout, tout le temps.
Profiter pour soi, c'est pour moi une forme d'altruisme. De celles qui nous font dire, lorsque l'on perd quelqu'un qu'on aime, que cette personne a eu une belle vie. Qui ne nous ôte aucune tristesse mais nous rassure sur l'existence accomplie et épanouie de cette personne. Je crois que je veux quelque part que l'on se dise quand je mourrai que j'aurai pris tout ce qu'il y a à prendre. J'aurai beaucoup donné aussi. Mais en tout cas personne ne sera désolé pour moi. On sera triste, mais les choses se passent, sont ce qu'elles sont. Je serai mort, ce sera un fait inaltérable, et il faudra composer avec cette idée en gardant à l'esprit que ma vie aura été belle. Tout cela est toujours très narcissique.
Mais pas seulement. Saisir chaque seconde, chaque opportunité, c'est une forme de générosité, je crois.
Toi, tu as été tellement généreuse que ce ne sont que des images éclatantes qui me viennent à l'esprit alors que je pense a toi. Toujours ce sourire qui embrassait le monde entier, ce rire tonitruant qui embrasait nos assemblées. Tu as vécu des choses terribles, vraiment, et tu ne t'en cachais pas, mais tu avais toujours un recul sain et serein pour les évoquer, et tu ne te départais pas de tes étoiles dans les yeux. Jamais je n'ai senti chez quelqu'un d'autre un tel désir de vie, un tel appétit pour le simple bonheur. Ton affection, ton amour ont toujours été entiers et limpides. C'est tout cela que j'appelle ta générosité. Tout cela qui me retient, je crois, de trop sombrer, alors qu'à ton tour tu es partie. Comme ça, sans prévenir, presque sur un coup de tête.
Quand je pense à toi, je n'ai que des bons souvenirs. Oui, merci du fond du coeur pour cette générosité.
Tu vas beaucoup me manquer.
Publié par Arthur à 20:43 1 commentaires
Me voilà à Londres. Il fait beau et chaud, de moins en moins jour après jour mais on se raccroche à ce qu'on peut.
Publié par Arthur à 20:53 1 commentaires
Ceci n'est pas un coming-out.
"Un militant de l’égalité et du respect est mort. Jean Le Bitoux, qui fut, avec Michel Foucault, l’un des inspirateurs du journal Gai Pied, vient de quitter ce monde qu’il aura tellement travaillé à changer. Témoin des années radicales, qui ont vu de courageux pionniers défier une société figée, il aura, en particulier par son travail de mémoire, accompagné un mouvement profond de la conscience de notre pays.
Quand une cause perd l’un de ses plus ardents défenseurs, c’est le moment de faire un point d’étape, de mesurer les avancées, le terrain conquis, peut-être le terrain perdu, l’histoire qui est faite et celle qui reste à faire.
Et la vérité, c’est que beaucoup reste à faire. Songeons à ces pays, si nombreux, où l’homosexualité est toujours considérée comme un crime, puni de mort, à ces jeunes pendus en Iran, ou décapités en Arabie saoudite, coupables d’être ce qu’ils sont. Rappelons-nous aussi qu’en Russie, en 2010, tout rassemblement homosexuel est encore interdit.
Mais sans aller si loin, voyons où en est la France : on peut se demander si nous ne sommes pas entrés dans une triste période de régression silencieuse. Il y a quelques semaines, de jeunes homosexuels ont été frappés, en pleine rue, au cœur du quartier du Marais, à Paris. Voici quelques jours, sur le parvis de Notre-Dame, des couples ont été violemment pris à partie parce qu’ils avaient osé s’embrasser. Plus récemment encore, dans notre ville, les locaux d’une association de lutte contre l’homophobie ont été vandalisés. Dans l’Essonne, c’est un couple de jeunes femmes qui est obligé de déménager pour échapper aux insultes et aux outrages de ses voisins. Et la presse de ce matin rapporte cet acte d’une incroyable barbarie commis il y a un an dans la Nièvre : deux homosexuels ligotés, bâillonnés et enterrés vivants au bord de la Loire… Cette liste est longue, propre à lasser l’attention d’un lecteur pressé. Elle pourrait être plus longue. Mais elle aurait pu aussi être tellement plus courte….
Tout se passe comme si une nouvelle chape de plomb descendait, lentement, inexorablement, avec la morgue des intolérances sûres d’elles-mêmes et de leur histoire. Parfois, ce sont les religions qui y contribuent, en sacralisant des normes ou en alimentant des amalgames : il y a quelques jours, le porte parole du Vatican établissait ainsi, du haut de l’autorité morale qu’il exerce sur plus d’un milliard d’êtres humains, un lien entre homosexualité et pédophilie. Cette somme de méconnaissance, d’ignorance, de ressentiments et de préjugés, pèse lourd, et en profondeur, sur nos sociétés fatiguées. Des esprits trop faibles ou trop dociles peuvent être perméables aux discours de la haine : Jean-Marie Périer, dans un livre bouleversant publié cette année, évoquait la détresse de ces adolescents chassés de chez eux par leurs parents, pour la seule raison qu’ils sont homosexuels.
Au nom de ces enfants humiliés, travaillons à construire une société où ils aient leur place. Les homosexuels ont été confrontés à toutes les souffrances du rejet, de la peur, de la honte, du secret. Ils ont traversé – et traversent encore- des épreuves inouïes, notamment celle du sida, qui les a touchés violemment, au moment précis où ils avaient cru avoir enfin, et à quel prix, conquis le droit à une certaine insouciance. Ils ont droit, aujourd’hui, à la liberté d’être.
C’est Jean-Louis Bory, cet éclaireur des luttes pour l’égalité, qui déclarait en 1979: « Tout ce que je demande, c’est que vous me laissiez vivre. Parce que je représente une part extrêmement vivante de la vie… »
Une société est faite de différences. Et son degré de civilisation se mesure à sa capacité de regarder ces différences avec indifférence. Nous en sommes encore loin."
Il y a quelques jours, je prenais un verre avec un de mes nouveaux collègues. La discussion est vite arrivée sur un terrain personnel. Je savais que sa copine attend leur premier enfant. Il m'a simplement demandé si j'avais de mon côté "a partner". J'ai répondu par la négative. Il a très naturellement enchaîné : "Would it be a girlfriend or a boyfriend?" Ma réponse a été encore plus naturelle.
Oui, être homo c'est tomber amoureux et se ramasser la gueule tout pareil que les hétéros. D'ailleurs, assez de catégorisation. On tombe amoureux, on se ramasse la gueule (ou pas), filles, garçons, qu'importe. Sérieusement.
Être homo c'est différent d'être hétéro, aussi. Personne ne le nie. Mais ça n'est pas grave, c'est comme ça. On s'en fout. Vous comprenez ? Je vous en prie, faites un effort.
Malheureusement nous en sommes encore à un stade où la visibilité de cette "communauté" qu'on s'efforce de fondre dans la masse est importante. Où cette visibilité est nécessaire, primordiale, pour que cessent la haine la plus forte, le rejet le plus violent, la stupidité la plus banale.
Je dois le dire. Vous devez l'entendre : je suis homosexuel.
Publié par Arthur à 22:26 8 commentaires
Au-delà de la crise du secteur aérien, des complications infinies engendrées et du ras-le-bol des gens coincés à Tokyo, à Miami ou même à Paris, l'éruption du volcan Eyjafjallajökull en Islande est pour moi la nouvelle la plus surréaliste depuis longtemps. Son dernier réveil date d'il y a 187 ans, et que ce phénomène naturel qui prend place sur une île reculée dont personne ne parle jamais paralyse ainsi indéfiniment l'Europe toute entière me souffle complètement. Nos belles sociétés modernes sont donc à la merci de quelques cendres, et cette situation incroyablement problématique revêt encore une fois pour moi un charme suranné dont je ne me suis pas encore lassé.
Publié par Arthur à 10:25 0 commentaires
Publié par Arthur à 00:49 5 commentaires