mardi 3 juin 2008

Le jour le plus long

On le sait depuis l'entrée en première année, on en remet une couche au début de la quatrième, quand on sait que c'est pour dans quelques mois. Et puis on se laisse vivre, laissant juste le soin à quelques rares piqûres de rappel de nous stresser ponctuellement, "histoire de"...
Viennent les partiels du second semestre, et on sait lorsqu'ils s'achèvent qu'on est qu'à deux semaines de la "chose". On décompresse un chouya des examens (tout de même), avant de replonger dans d'intenses révisions, qui prennent différentes formes : en groupe à la campagne, seul dans sa chambre, ou les deux, ou moins intensément, ou encore différemment...
On se dit qu'on n'est pas vraiment stressé, que le grand oral est justement trop grand, trop vaste, pour être révisé. C'est de la culture générale, et si on est arrivé jusque là, c'est bien qu'on doit la posséder, cette culture gé ! Sans compter nos assidues lectures et analyses de l'actualité toute l'année. On a même joué au Trivial Pursuit lors des fameuses révisions campagnardes, "histoire de".

Sur les 320 étudiants que compte la promo la moitié passait le lundi, l'autre le mardi. J'étais du mardi. Mes deux colocs du lundi. L'angoisse.
L'angoisse véritable est arrivée le dimanche dans l'après-midi, lorsque les camarades du lundi se sont rendus compte de l'échéance toute proche. Elle m'a contaminé. J'ai véritablement vécu 24h de stress intense, tel que je ne l'avais jamais connu. Pas de programme arrêté, donc pas de révisions définies, donc pas de révisions intensives... L'autre chute de ce raisonnement, c'est d'avoir l'impression de ne rien savoir, d'avoir tout survolé. Logique, quelque part, à Sciences Po...
Peut-être logique, mais mes enfants quelle angoisse ! Inégalée, tout à fait.
Et ce lundi est "le jour le plus long" : une journée atroce où, tel un lion en cage, vous attendez, vous attendez - c'est un véritable couloir de la mort dans lequel vous vous trouvez. Vos colocs en reviennent l'un après l'autre, les amis appellent, évoquent leur sujet, leur jury, leurs ratés et leurs succès... Et le temps semble s'être arrêté, refusant catégoriquement de vous mener jusqu'au mardi matin 10h, moment de votre convocation. Vous ne savez plus si vous devez encore lire, ou vous changer les idées. Tout ce dont vous avez envie, c'est de dormir le plus tôt possible, pour raccourcir cette journée terrible où le mouvement semble s'être enclenché pour tous sauf pour vous.
A 22h30, la nuit n'est pas tout à fait noire, mais vous vous couchez enfin, finalement presque déjà soulagé. Le réveil est à 8h, vous vous réveillerez trois fois au cours de la nuit : 1h11, 4h27 et 7h. Vous luttez dans des rêves étranges. Finalement, tel la chèvre de Monsieur Seguin, l'aube vous délivre en la personne de votre réveil. Douche, petit déj', dernières actus à la radio, costard. Pour la première fois de l'année vous êtes en avance. Pas question de suer, vous y allez en métro au lieu des trente minutes de marche à pied habituelles. Mieux vaut profiter de l'avance, des fois que le métro ait des problèmes... Comme la foudre de la veille qui l'a bloqué. Rencontres impromptues qu'on aurait préféré éviter dans ledit métro. Arrivée à Sciences Po. On file repérer son jury affiché sur la porte. Ouf, deux inconnus et un gentil, pas de cerbère en vue. Toujours en avance, les cent pas, ce foutu temps qui n'avance toujours pas, même dix minutes avant le début des réjouissances. Cette boule dans le ventre. On émarge dans le couloir. Les onze de dix heures entrent dans la salle de préparation - les deux sujets au choix ont déjà été tirés au sort et sont retournés sur chaque table.

Dix heures, c'est parti !
"Une VIème République ?" - argh...
Deuxième sujet ?
"Qu'est-ce qu'une guerre juste ?" - bon, pas un orgasme, mais ça me semble plus gérable.
Une heure de préparation ça passe très vite, il faut se foutre dedans tout de suite, pas le temps de rêvasser en regardant le plafond et mordillant son stylo comme en partiels. Idées, arguments, exemples... Je construis mon truc du mieux que je peux. L'heure s'écoule. Chacun des onze rejoint sa salle de jury. J'attendrai un quart d'heure devant la mienne qu'ils achèvent mon prédécesseur. A ce stade de la compète, je me pisse dessus.
La porte s'ouvre enfin, je me lance. C'est un jury Bisounours : une femme, deux hommes, tous relativement adorables. Mon exposé est un peu court (huit minutes sur les dix requises) mais ça passe, et vient alors la partie redoutable et redoutée : vingt minutes de questions acharnées.
Je m'en défends avec honneur.
Tout s'achève.

A la sortie, mon soulagement est incomparable.
Je viens de passer mon grand oral.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo bravo bravo chouuuuuuuu !!

(Moi j'avais été une vraie brèle, et je n'ai toujours pas compris une métaphore à la con d'un voilier et du marketing que m'avait demandé d'expliciter un examinateur...)

matorif a dit…

C'est bien joli tout ce stress, mais la guerre! Elle est juste ou pas finalement ?? :D

bravissimo !

Arthur a dit…

@ Matoo & Matorif > Merchi !! :)

Anonyme a dit…

Youpiii !