lundi 28 juillet 2008

Penser à arrêter de penser

Vendredi après-midi, ma collègue G. a brisé toutes les règles de bienséance à l'égard d'un stagiaire. Je deviens peut-être parano à force de maugréer et de ruminer autour du vide auprès duquel je m'affaire depuis sept semaines, mais je crois bien qu'elle a fait montre d'une grande hypocrisie, tout de même. Empli de bravitude, j'ai fait acte de répartie, mais suis resté sur une trop forte impression d'inachevé, un fébrile goût d'amertume bien parti pour me niquer ma fin de journée. (Au demeurant, je suis bien sûr soûlé de ne pas leur laisser un souvenir impérissable, une fois n'est pas coutume (arf, quoi ?) - Il paraît que je suis hautain.)


Mais c'était sans compter mon Californien préféré, avec son scooter bleu, et les trois heures qu'il m'a offertes dans son emploi du temps comme d'habitude si serré. Il m'a remis en place, et m'a prodigué ses merveilleux conseils. Il est d'ailleurs l'un des rares que j'écouterais aveuglément, ou pas loin en tout cas.
D'habitude, c'est moi qui prodigue les conseils. D'habitude, je nettoie chez moi (la partie visible au moins) avant d'aller fouiner dans la vie des autres. Vendredi, c'était complètement raté. Ceci dit, ce sont ces claques dans la gueule qui nous permettent d'avancer, non ? Si on se calmait un peu avec cette frénésie de "toujours aller de l'avant" aussi... En ce qui me concerne, pas question de reculer; je crois que je vais juste être assez statique les prochaines semaines.

Ca s'appelle les vacances, et oui, le fait que ça aille toujours mieux avec B., que j'aie profité de ma piscine hier, vu une très bonne expo (Traces du sacré à Beaubourg) et un très bon film (Le premier jour du reste de ta vie), c'en était sûrement déjà un avant-goût.
Pourtant je sais que le vrai néant qui fait du bien arrive vendredi. Prendre l'avion, retrouver New York, et les gens qui vont avec. Ne pas prévoir. Se laisser porter par la moiteur et l'excitation de la ville. Jouer au touriste-qui-s'y-connaît. Beaucoup rire avec "les gens qui vont avec". Délirer. Bouffer chaque seconde, de la manière la plus indécente qui soit.
Et y ajouter une deuxième couche, une deuxième semaine, ailleurs, sans urbanité(s), sans Internet, sans mauvaises odeurs. Juste la petite famille, les livres, le soleil et la mer.

Dans trois semaines je retrouverai B. avec moult plaisirs, mon stage toujours nul (mais je m'en foutrai), les délices des amis et de Paris. Les bas reviendront, les hauts aussi, je raillerai ce billet avec indulgence, fruit d'une pensée et d'un été qui ne durent jamais, et je replanifierai, m'emballerai à nouveau et maugréerai de plus belle.

Mais d'ici-là j'aurai dormi.
J'aurai beaucoup souri, conscient d'être plutôt bien loti.

Et j'aurai arrêté de penser, pour le plus grand bien, le vôtre comme le mien.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

New-York, où tout commence, tout continue, tout finit, etc... Pense à une seule chose : en profiter !