Appelle le ballast
Chaque fois que je suis sur le quai d'une gare, je suis assailli par la même réflexion : ce serait vraiment bête de faire tomber quoi que ce soit sur la voie.
Et en attendant mon train je laisse mon esprit voguer vers d'improbables scenarii : mourrais-je électrocuté si je devais sauter sur les rails pour récupérer l'objet chu ? Me ferais-je dépecer par le train entrant en gare en trombe, sans que je l'aie entendu ? Serais-je l'objet de remontrances pour oser franchir l'infranchissable ligne jaune (et plus si affinité) ?
Ce matin, complètement à l'ouest (et plus si affinité bis, merci nuit de quatre heures), je déambule tel un zombie sous morphine sur mon cher quai de Gare de l'Est; il est 11h27, le train part à 11h30, j'ai mon téléphone à la main et j'accélère le pas pour gagner la tête du convoi avant que ne retentisse la terrible sonnerie du départ.
Je lâche mon téléphone.
Qui tombe sur la voie.
Sous le train.
Et je reste planté là, un peu hagard un peu hébété, ne sachant pas vraiment quoi faire et regardant ce pauvre petit téléphone rouge complètement chu sur le ballast, sous le wagon d'un train qui part une minute et trente secondes plus tard.
Vais-je mourir dépecé ? Electrocuté ? Me faire remonter les bretelles pour avoir osé lâcher un bien personnel sur cette voie publique ? Vais-je devoir abandonner mon téléphone ? Rater mon train pour le récupérer et attendre le suivant une demi-heure ?
Mon regard vitreux a dû inspirer ce brave homme qui ne m'a pas laissé le temps de terminer cette ridicule tirade dans ma tête : il s'est allongé sur le quai, a tendu la main, ramassé le portable, me l'a donné, a souri et est parti.
Malgré la permanence de mon hébétude et l'incompréhension générale de ce qui venait de se passer en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, je suis monté dans le train, avec mon téléphone.
Finalement, je vis des aventures simples.
1 commentaire:
dis donc, tu vis dangereusement toi..
mais ton post précédent nous avait prévenus..
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