Bottez-moi le cul
Il est treize heures, la plus belle avenue du monde bourdonne des travailleurs excédés, des touristes complètement paumés, et de tous les tarés du quartier.
Pause déjeuner, une fois n’est pas coutume je ne sais où aller. Solution de facilité, oubliant que j’aurai faim une heure après manger, et que mon estomac souffrira, je m’arrête chez Ronald. Un Maxi Menu Big Tasty, Deluxe Potatoes et Fanta, et un Cheeseburger on the side.
(Une heure après, j’ai mal au bide, et j’ai faim.)
En sortant du McDo, sur le chemin du retour au bureau, cette bimbo clodo à l’allure plus qu’étrange, blonde platine anorexique, sale et trop UV-isée, est tirée de partout, à tel point que c’en est dégoûtant. Elle accompagne une petite grosse tout aussi sale et à l’air louche, qui pousse une poussette, bute contre le trottoir et fait ainsi tomber la poupée assise dans la poussette. Qui n’est pas une poupée. La petite fille s’étale de tout son long dans le caniveau, les deux femmes rient, édentées, puis s’énervent contre la gamine – elles n’ont pas que ça à faire.
Je trouve la scène délirante et incongrue, sortie de nulle part, ou d’un vieux film acide sur les rapports humains. Les travailleurs paumés, les touristes excédés, passent, indifférents aux tarées du quartier.
Et je me mets à devenir barge. Déjà à la sortie du fast food j’avais ri tout haut à ma bêtise prodigieuse, moi qui refuse de trop manger dans ces endroits graisseux, j’avais ri tout haut, tout seul, fort, puis m’étais mis à chanter. Les tarées n’ont rien arrangé, je me suis senti décalé, porté ailleurs, comme spectateur de cette scène (que j’étais), à l’extérieur de ma vie pour quelques minutes. Je me suis mis à marcher vite, à courir presque, souriant largement aux abrutis de la vie, me sentant niais et puissant à la fois, travailleur si peu acharné, touriste de mon existence et taré aussi barré que tous les autres.
Je n’étais qu’à quelques mètres de ma destination mais j’accélérais encore, tout sourire, chantant, zigzaguant entre les passants, définitivement étranger aux angoisses de mon quotidien du moment.
Cette extériorité passagère, grain de folie aussi inattendu que bienvenu, n’a en rien arrangé les problèmes rencontrés ces derniers temps, mais elle m’a aéré, m’a pris ailleurs et m’a fait relativiser.
Le moment, à treize heures, est anodin. Mais l’espace de quelques instants je me suis senti, et c’est fort bien, un taré serein.
5 commentaires:
Faut pas chercher, ils doivent mettre des trucs pas clairs dans les Big Mac ;)
Un taré serein...etrange concept! Si on se penche sur les cas psy effectivement il y a les torturés et les sereins , et honnetement les sereins sont bien plus sympa ;)
Je me joint à jeremy et je confirme !
Le Big Mac est composé de salade, de boeuf, de pain, de graines de sésame, de cornichons et d'oignons.
Ah oui, et peut-être aussi de la bave du cuistot.
Cadeau de la maison :)
C'est le privilège des gens qui ont les yeux ouverts sur le monde. Ils peuvent voir ce que tous ces gens pressés par leur misérable vie ne remarquent même pas ! De toute façon Ronald n'a jamais fait le poids face à burger king...
By the way, j'm bien ta nouvelle pic de titre !
@ Matorif > Ne t'emballe pas, il y a encore mieux que Burger King ! Attends de découvrir Carl's Jr. ou Jack in the box...
Enregistrer un commentaire