jeudi 16 août 2007

Pécho attitude

Tels des insectes aveuglés par la lumière, nous avons décidé avec C. et Matorif de rentabiliser notre veille de jour férié, et d'aller frétiller sur le dancefloor. Notre choix s'est porté, complètement par défaut au vu du faible nombre de soirées intéressantes en ce 14 août, sur le Club 18. Pas un club de la mort qui tue, mais qui tient la route au demeurant pour une petite soirée queer sans prétention. En fait, la nuit ayant davantage tourné à l'étalage de viande que ma précédente expérience en ce lieu, tout est soudainement devenu très intéressant, très typique, et digne d'être retranscrit ici-bas.

Boîte à pédés : nous dansons tous les trois dans un coin, entre clim' et fumi; Madonna, Farmer, Willem, Mika, Scissor Sisters... alternent avec Nelly Furtado, Sinclar, Guetta ou Martin Solveig.
Les hormones nous titillent tous, car si la météo n'a rien d'estival, nos corps tout tremblants ont bien conscience que c'est l'été et qu'il faut en profiter. Il faut se concentrer assez fort pour faire abstraction de ce vieux Monsieur qui semble très enclin à se trémousser en notre compagnie, mais à part ça tout va bien (je comprends de mieux en mieux ce que peut vivre une demoiselle dans une boîte dite "hétéro".) Honnêtement, rien de très potable à se mettre sous la dent. Soit. Nous nous dandinons de plus belle : plus haut, plus loin, plus fort !

C'est alors que je remarque ce grand jeune homme, physiquement pas trop niais autant que la pénombre peut me laisser juger, et qui nous tourne autour. Il a l'air dans son monde, se comporte étrangement. Il caresse en effet le dos de tout garçon qui entre dans son périmètre. Et notamment de ce mec qui a tombé la chemise, et qui n'apprécie pas du tout ces attouchements répétés, essayant d'emballer de son côté le futur homme de sa vie. Notre weirdo laisse en plus traîner ses mains en faisant absolument comme si de rien n'était du côté de la tête (mode "je te tripote, mais j'assume pas".) Il est lourd dans son genre, vraiment, et pas discret une demi-seconde. Il disparaît...
Entretemps, un jeune brun en marcel blanc s'est mis à nous faire la cour, à son tour. Comprenez qu'il se frotte négligemment contre nous à différents moments de sa choré élaborée. C. est chaud, C. attaque, C. emballe. Et vas-y que ça se colle, que ça se roule des pelles à n'en plus finir ! Je n'ai pas remarqué Mr. Weirdo qui a réinvesti le coin derrière moi, et entrepris, alors que j'observais les ébats de C., de se frotter négligemment à son tour contre tout mâle proche de lui, dont moi. Je suis chaud, les caresses sont plaisantes, on ne peut pas vraiment dire que j'attaque car Monsieur a déjà fait tout le travail, mais j'emballe.

Grave erreur.

Premièrement, Mr. Weirdo embrasse très mal, et sans sentir particulièrement mauvais ne sent pas non plus particulièrement bon. Cet abruti me gobe la bouche, râpe son irritant germe cutané contre le mien. Je profite de l'arrivée inopinée de Shakira comme d'une injonction à me défaire de son étreinte pour remuer mon corps conceptuellement sur les rythmes latinos. C'est sans compter la persévérance de Mr. Weirdo, qui n'en reste pas là, et réattaque. Et décide d'aller plus loin, tant qu'à faire : ses mains baladeuses me font comprendre qu'il est assez torsophile (néologisme de mon cru pour désigner un fan de torses.) Soit... Sauf que là, ça tourne carrément à du fétichisme mal placé, lorsque je me rends compte qu'il n'a en fait qu'une seule et unique idée en tête : m'embrasser et me lécher le nombril, sans reprendre son souffle si possible. Il se trouve donc incliné vers mon bas ventre, dans une position on ne peut plus équivoque, et légèrement inconfortable pour votre serviteur. D'autant plus que cette "conquête" n'a pas prononcé un seul mot depuis le début de la scène : moeurs étrangères ?? Chez moi, on parle avant de lécher. Et on lèche dans l'intimité : je ne suis pas encore assez exhib' pour m'offrir en pâture dans la moiteur d'une cave parisienne.
Trop, c'est trop, mon côté chatte en chaleur atteint ses limites, d'autant plus que le mec de C. s'est mis en tête de me caresser les fesses pendant qu'il danse tout collé à mon ami. Là encore, je dois avouer que la perspective d'un plan à quatre avec ces deux compères d'un soir me laisse plutôt frigide, allez savoir pourquoi.
"Trop, c'est trop" donc, mais il me faut néanmoins un temps fou pour parvenir à susurrer un convaincant "Désolé, je retourne voir mon pote !" à l'oreille de mon fétichiste nombriliste. Peur de le blesser ?? Quoi qu'il en soit, Matorif me sauve la vie en étant parti chasser de son côté à l'autre bout de la boîte. Je le rejoins tout à fait soulagé. Puis c'est au tour de C. de se débarasser de Monsieur Marcel (il faut croire que son "Viens, on va aux chiottes" n'a pas convaincu mon ami.)
Au final, une soirée tout à fait sympathique, ponctuée d'éclats de rire entre amis. Un délice !

Bienvenue dans un monde gay.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Franchement, ma bonne dame, ya plus de jeunesse !

Matorif a dit…

On ne peut vraiment pas vous laisser seuls 5 minutes !

Anonyme a dit…

Que des dévergondés moi j'vous dit... Et Matorif le premier !!!

Anonyme a dit…

Bien plus que la soirée, l'article est brillant. Cela méritait d'être écrit. x x

Anonyme a dit…

Beurk... ces homosexuels! :)

Petit Apollon a dit…

Rha là là ça donne pas envie d'être pédé à force tous ces écrits...

Anonyme a dit…

C'est vraiment pas un endroit où je serais à l'aise, personnellement, mais un article si bien écrit et si pittoresque ne peut que me faire rire. ENCORE !! :P

B. a dit…

Ah ah ah... Le style fait très "exploration ethnologique"... J'adore.
Ca meritait en effet d'être retranscrit!
:o)

Jarod_ a dit…

Grosse erreur de jeune pucelle que tu es ! Ce genre de type ça pue à trois kilomètres, et c'est connu qu'il faut les éviter à tout prix....